19 juillet 2020

Le syndrome Brel


Allo, Docteur, C'est grave ?


80 000 km parcourus, des dizaines de pays visités, une quantité inestimable de belles âmes rencontrées. 
Oui mais voilà, nous avons le Syndrome Brel.

Depuis notre premier pas sur le tarmac de Faa'a (14 ans, déjà !) , nous sommes addicts à la Polynésie. Ce n'est pas un hasard si nous avons choisi ce nom tahitien pour nos bateaux.
En bon padawan depuis des années, nous observons, écoutons, ressentons, vibrons auprès de cette population. Nous nous nourrissons de leur culture, de leur histoire et de leurs sourires.

À présent, nous savons. 
Nous savons que nous ne laisserions pour rien au monde nos escapades d'îles en îles. 
Nous savons que notre boîte à souvenirs comporte encore une foultitude de compartiments à remplir. 
Mais, nous ressentons que notre curiosité nous pousse à tester autre chose.

Nous voulons vivre au rythme de cet été éternel en alternant les tête à tête avec les coqs et ceux avec les raies mantas.

Nous avons trouvé aux Marquises une part de nous même, laissée en friche jusque là, qui ne demandait qu'à éclore. Un brulant désir de se fondre au cœur d'une palette de couleurs, de lumières, d'humanité, d'authenticité.

Merci Vivi pour cette belle carte 



Avant de faire route vers l'ouest et continuer à découvrir cette culture captivante des Maohis/Maoris du Pacifique (Fidji, Tonga, Nouvelle Zélande, Wallis & Futuna, Nouvelle Calédonie...), nous avons décidé d'offrir quelques m2 de terre et de grands copains 🌳🌴 à notre bonsaï navigateur Léon.

Nous sommes en effet les heureux propriétaires d'un lopin de terre généreuse des Marquises.

Ce ne sera pas Hiva Oa comme nos illustres artistes prédécesseurs. Le fil de notre histoire va se tisser à la capitale : Nuku Hiva sur une parcelle forestière en bordure de l'ancien chemin qui mène à la vallée de Taipivai.

Point de peintre, ni de poète, juste sur les traces du conteur de Moby Dick et de sa célèbre immersion chez les Taipi, Hermann Melville.







Notre challenge : 
Prendre le temps de construire de nos mains un havre paisible, notre base arrière plantée d'arbres fruitiers 🍋 🥑 🥥, 🍌 et de fleurs tropicales 🌺 pour y faire escale et pour vous y accueillir.

1 juillet 2020

Une année pas comme les autres

Ainsi s'achève le mois de juin.

Nous vivons dans notre bulle marquisienne covid-free depuis tant de semaines que l'on n'en éprouve même pas l'envie de compter.

Nous vivons une telle symbiose avec ces îles et ses habitants que nous avons décidé d'y rester toute la saison.
En effet, dans le circuit classique des navigations, les Marquises se visitent de novembre à mars/avril pour s'éloigner du risque cyclonique plus au sud. Logiquement, on ''descend'' ensuite profiter de la belle saison aux Tuamotus et aux îles sous le vent.
Oui mais justement cette année il n' y a pas de logique.
Un peu comme l'effet papillon. Le tsunami des vagues virales lointaines a bouleversé les esprits jusqu'ici et fait chavirer les plannings.
La navigation inter-archipels est autorisée depuis mi mai. Beaucoup de bateaux ont quitté leurs '' îles/archipels de confinement ''.
Pas nous...

La Polynésie s'ouvre progressivement au tourisme aérien. Les premiers vols commerciaux sont attendus à Papeete dans quelques jours. La population, préservée jusqu'à présent grâce justement à la fermeture précoce des frontières, est confrontée à l'ambivalence de sentiments.
L'enthousiasme de revoir revenir des proches au pays
L'envie de voir redémarrer l'économie touristique
L'excitation de partir en vacances
Mais aussi la crainte de nouveaux cas importés.
Pour mémoire, sur les 62 cas comptabilisés en Polynésie depuis le 1er mars tous sont issus de personnes arrivées par les derniers vols commerciaux et de leurs contacts.
Voir les gros porteurs se poser à nouveau à Faa'a en sachant que les mesures de quarantaine sont suspendues génère de l'inquiétude pour la population et les autorités.
Ne voulant pas ajouter de tracas inutiles à nos hôtes, nous avons donc décidé de rester au Fenua Enata. D'îles en îles, nous irons cet été, enfin plutôt cet hiver pour nous, découvrir de nouveaux recoins, retrouver les copains.

Il n'y a pas que Bora qui a besoin de tourisme. Les Marquises ont besoin de nous tous.
Nous continueons donc à partager le quotidien de ce peuple courageux.
Déjà profondément addicts, cette vie confinée auprès d'eux a révélé notre profond attachement pour cette culture, cette terre, cette philosophie de vie.
Les mois à venir vont être riches en nouvelles aventures.
Stay tuned 😉

1 juin 2020

Vidéo Tahuata décembre 2019

On classe, on archive nos centaines de photos et videos...
Et on tombe sur un montage réalisé en décembre dernier que l'on n'avait jamais partagé.
L'occasion de montrer encore une fois la beauté des Marquises. 🤩
Clin d'œil à nos amis acteurs vedettes.
Dommage que le festival de Cannes ait été annulé, on aurait eu, c'est certain, une palmé de cocotier 🌴🌴🌴🌴🌴🌴

Qui a dit qu'il n'y avait pas de plages aux Marquises ?
Soyez curieux, venez voir
La vidéo est par
https://vimeo.com/424595610

19 avril 2020

Vers le début de la fin ?


30ème et dernier jour de confinement.

Aucun cas confirmé dans l'archipel des Marquises. 


Il n'y a que très peu de pays au monde qui ne sont pas touchés par cette pandémie, la plupart sont dans le Pacifique. 
Y aurait-il une prédisposition génétique au Covid-19 inexistante dans l'ADN de la civilisation maohi ? 🙏

Nous avons conscience d'être des privilégiés à pouvoir démarrer un déconfinement à l'heure où les compteurs des cas confirmés et des tristes décès inondent les écrans mondiaux.

La Polynésie dénombre à ce jour 52 cas uniquement sur Tahiti et 3 sur Moorea, sans cas graves ni décès. 
L'Etat et le Gouvernement de Polynésie française ont donc décidé d'alléger les règles dans tous ces archipels préservés : Tuamotu, Gambier, Îles sous le vent et Marquises. 

Notre confinement, c'était quoi ?
Nous avons choisi de le vivre sur l'île principale des Marquises, Nuku Hiva, dans la grande baie de la ville principale Taiohae.


Point de vue mouillage, c'est idéal. Une grande anse entrant dans les terres protégée par un quasi 360° de crêtes brise-vent. Notre ancre a pris racine dans un fond sablonneux après une rapide descente dans 10 mètres d'eau.
Le mouillage est suffisamment vaste pour accueillir sans problème une petite centaine de bateaux... Et ce fut le cas au plus fort de l'affluence.

Les Marquises sont une première escale de choix pour ceux qui arrivent de Panama, d'Equateur, des Galapagos ou encore du Mexique.
Mythiques, accueillantes, reposantes, elles ont, depuis des années, jalonné le journal de bord de nombreux équipages. 
Imaginez les bateaux présents depuis des mois ou des années qui, comme nous, avaient choisi de ''confiner '' ici près de la capitale, des antennes internet, des administrations compétentes et de l'unique hôpital des Marquises associés à l'arrivage de la promo Transpac 2020 dont le World Arc :
Un melting pot
multiethnique, 
multiculturel. 

Malgré cette affluence qui aurait pu effrayer plus d'un natif, les équipages ont toujours été considérés comme partie prenante de la population. 
Aucune restriction particulière n'a été mise en place par les autorités locales. Seul le bon sens a été requis. 

Un grand merci à Mr Le Maire et tous les interlocuteurs (pompiers, agents municipaux, police municipale... ) pour cette compréhension et cette absence de ségrégation abusive de '' l'étranger ''. 

Alors bien sûr, il y a les éternels insatisfaits.
Ceux qui n'ont jamais compris que les Affaires Maritimes par le biais du Haut Commissairiat nous interdise de nous baigner. 
Ceux qui ne comprennent pas que pour préserver ces îles (et faciliter les rapatriements des équipages) les bateaux en provenance du large n'aient qu'une autorisation d'escale temporaire et aient obligation de continuer vers Tahiti. 
On pourrait en parler pendant des heures... Mais, ce n'est pas le sujet. 

Keep cool, on n'est pas les plus malheureux 



Nous avons vécu 30 jours intégrés à une population toujours souriante et bienveillante. Nous avons pu descendre à terre sans plus de contraintes que celles imposées et respectées par les habitants. Nous avons eu accès aux épiceries de notre choix, aux banques... 

Nous avons eu des appros non stop au quai ou à bord : de fruits, de légumes, de poissons, d'œufs... réalisés gratuitement par des producteurs locaux. 
Pas question de profiter de la situation pour nous faire payer le moindre coût de livraison. Respect !!!
Merci beau peuple Enana 🙏

Nous avons eu aussi accès aux livraisons des bateaux ravitailleurs Aranui et Taporo. Merci Jean-Marc pour tes expéditions groupées depuis Papeete 🙌. 









Nous n'avons manqué de rien, y compris de lien social. Il s'est réinventé par vhf interposées. 
Un réseau organisé par et pour les enfants, un réseau girly, une radio paradise, des soirées Quizz, des flashs de partages d'informations locales. 
Une fois de plus, chacun y est allé de sa culture et ses habitudes : des habitués des grands regroupements Yachties et leur ordre du jour détaillé quotidien au réseautage francophone sans autre prétention que celui de faire circuler les informations du jour. 
Libres à chacun d'y participer ou pas. 

La solidarité entre équipage a fait chaud au cœur les jours où l'on trouvait le temps plus long.
Comment ne pas relativiser quand un pain chaud, des brownies, une laitue, des glaces ou un masque tissu boat made vous sont livrés ou encore des truffes chocolat de Pâques et une brioche toute chaude alors que vous pointez le nez dehors au petit matin. 



Comment ne pas bien démarrer le week-end quand les voisins allemands se sont occupés de faire livrer par le boulanger,? D'un coup d'annexe, pain frais et croissants 🥐🥐🥐 viennent illuminer un petit déjeuner au paradis. 

Est-ce justement parceque l'on n'a plus accès directement les uns aux autres que l'on se préoccupe de ses voisins (que l'on ne connaissait pas avant !)? 




Confinement associé en Polynésie avec l'interdiction de vente d'alcool, l'immobilisme, les mélanges socio-culturels et la perte de la précieuse liberté des navigateurs. Tous les indicateurs étaient au rouge pour que la situation devienne explosive. 
Et pourtant, à quelques "enfantillages" près, tout a été calme. 
L'étude sociologique a été passionnante. Distanciation sociale n'est pas synonyme d'isolement social même sur l'eau. 

Nous avons découvert la faculté des êtres humains à être pour beaucoup généreux et inventifs, pour une minorité nombriliste et vindicative mais pour la majorité patients, tolérants, respectueux et impliqués. 

Nos soirées confinées ont été rythmées par les huit saisons de Game of thrones. La journée, la version Game of boats était nettement plus pacifiste et amusante. 

Pour l'heure la cloche a sonné. À partir de lundi, nous n'aurons plus à remplir nos attestations et passer au check-point. On en serait presque à le regretter tant c'était agréable de retrouver les sourires de nos interlocuteurs locaux jour après jour. 
On ne va pour autant pas bouder notre plaisir d'aller gambader sur les chemins parmi les arbres fruitiers et les fleurs tropicales, d'aller retrouver nos amies les raies mantas en snorkeling. 



La circulation maritime est toujours interdite à l'exception du fret et des urgences médicales. Ti'Amaraa a pris ses habitudes à onduler autour de sa chaîne.
Nous ne sommes pas pressés. Le vagabondage nautique attendra. Nous sommes bien decidés à participer au redémarrage économique de cette île par notre statut d'uniques "touristes" à la ronde. 

Bien sûr, la vigilance reste au rendez-vous. Monsieur Virus n'a peut-être pas dit son dernier mot.

"Gémir n'est pas de mise aux Marquises" a t'il chanté. 



26 mars 2020

Confinés aux Marquises Jour 5

25 mars 2020
Confinement J5
Polynésie française :
25 cas avérés (aucun en 24h)
Hospitalisation 1 (-1 en 24h)
Décès 0
🙏🙏

Sept jours à bord, 5 jours officiellement confinés, une petite semaine de voyage immobile au milieu d'un flot d'émotions, d'informations et de réactions.


D'émotions tout d'abord, en suivant les informations internationales. Il faudrait être sans cœur pour ne pas être sensibilisé au drame que vivent de nombreuses populations. Et même si l'on vit dans un petit paradis, on ne peut qu'être profondément touchés par l'abnégation des personnels de santé et le courage de tous ces hommes et ses femmes qui font de leur mieux pour que le système continue de fonctionner. Respect. 🙏. Famille, amis des 4 coins du monde. Restez chez vous !!!


Un flot d'informations, nous disions.
Au niveau local aussi. On en parlait dans le dernier post. La communauté flottante anglophone a mis en place, bien avant le confinement, une vacation vhf quotidienne pour partager les informations liées à la vie au mouillage avec cette nouvelle composante Covid-19.
De simples auditeurs, nous sommes devenus acteurs. On nous a, en effet proposé, de mettre en place la même chose pour les bateaux francophones. Nous avons accepté cette proposition avec comme objectif premier de faire de ce réseau une force vive pour aider Nuku Hiva.
C'est ainsi que tous les matins à 10h, nous animons une petite émission radio sur le canal vhf préféré des francophones... Le 69 😉
Nous nous retrouvons, comme à l'époque, à rédiger des ordres du jour, préparer des réunions, lire des plans d'actions et des rapports scientifiques pour répondre aux questions.
Alors, le virus est il plus gros ou plus petit que la molécule d'eau pour les membranes de nos dessalinisateurs ?
La première mission a été toutefois de rappeler les consignes de confinement et surtout les règles définies dans l'arrêté régissant les activités littorales et nautiques.
Il a fallu plusieurs jours pour faire comprendre que nager, plonger, faire du paddle, se balader en annexe, boire un verre sur le bateau copain étaient interdits !!
Bien évidemment qu'il n'y a pas de risques à faire des brasses autour de son bateau... Sauf que les Marquisiens sont confinés et que leur propre littoral leur est interdit. Comment expliquer à des enfants qu'ils ne peuvent pas, comme à leur habitude, aller ''baigner à la mer'', alors que par leurs fenêtres, ils voient des gens barbotant autour de leurs bateaux ??
Nous sommes merveilleusement bien accueillis. Alors, soyons sérieux, montrons l'exemple !!!
Rapidement, la discipline, les rappels et certainement aussi la peur des amendes ont eu raison des plus rebelles.
La valse des annexes et des paddle a cessé. Les sorties des équipages sont minimalisées. Tout le monde s'organise. Et ça fait plaisir à voir et à vivre.

Ce qui nous amène enfin au flot de réactions...
Une fois passée cette phase où la tâche moralisatrice n'était pas la plus aisée, nous avons à tous décider de retourner la situation et de faire germer une attitude positive et volontaire.
Tant côté anglophone que francophone, nous avons compilé les compétences présentes disponibles bénévolement à bord des nos voiliers.
Nous sommes aujourd'hui en possession d'un listing de volontaires dans de nombreux domaines : des chirurgiens, des médecins, des infirmières, une sage femme, une psychologue...
Mais aussi des techniciens et ingénieurs près à aider dans de nombreux domaines : électricité, électronique, informatique, menuiserie, traitement de l'eau ...
On ne rentrera pas dans les détails ici. Mais nous sommes sincèrement heureux de voir se former cette '' Task Force'' par pure solidarité et se mettre au service de la population de Nuku Hiva.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, la lettre d'intention et ce listing des volontaires, cosignés par le bateau représentant les anglophones Free Spirit (Jon et Kristi) et Ti'Amaraa), a été transmise à la Direction de l'hôpital Louis Rollin à Taiohae ainsi qu'à Mr le maire et son secrétaire général.
Nous avons reçu des réponses quasi immédiates des autorités contactées nous remerciant et nous confirmant leur intérêt si l'épidémie venait à frapper.

Si Nuku Hiva a besoin d'aide, ils savent à présent qu'ils peuvent compter sur les équipages au mouillage à Taiohae.


Côté vie pratique pour finir.
Tout se passe en douceur.
Des livraisons de fruits nous arrivent directement à nos bateaux via les habitants de la vallée de Hakaui.
Un principe de livraison de légumes au quai est en cours de mise en place.
Les bateaux ravitailleurs Aranui et Taporo sont venus livrer cette semaine. Les épiceries ont refait leurs stocks.
L'équipe du pôle Santé suit de près les derniers arrivés de Tahiti (dont les jeunes étudiants). Ils étaient à l'aéroport jusqu'au dernier vol en provenance de Papeete. Les confinements à domicile sont en place et, semble t'il, bien respectés. Ils font dans l'ombre un travail en amont capital. Merci et Bravo !!

Pour le moment, le vilain virus n'a pas pointé le bout de son nez 🤞 aux Marquises et aucun nouveau cas n'a été enregistré en 24h sur toute la Polynésie.
Tout le monde se prépare malgré tout, même sur l'eau... En espérant que personne n'aura besoin de nos services 🙏🙏🙏

Merci à tous pour vos messages.
Désolés de ne pas répondre systématiquement.
Nous privilégions le peu de crédit internet qui nous reste en cette fin de mois (et oui c'est à l'ancienne pour les abonnements internet mobile ici... À moins d'être Crésus) pour nos proches et la gestion de ce quotidien que l'on vous partage.

Et puisque l'on ne peut plus être tous ensemble, soyons le quelques secondes par la pensée via ce post. 💕

23 mars 2020

Confinés aux Marquises Jour 2

Confinés aux Marquises Jour 2

22 mars 2020
Confinement J2
Polynésie française :
18 cas avérés (+1 en 24h)
Hospitalisation 1
Décès 0 🙏

Notre petite routine de confinés flottants s'installe. Outre le fait de ne plus être libres de nos déplacements, les journées à bord ressemblent à notre vie habituelle au mouillage. C'est l'été. Nous sommes au milieu d'un écrin de verdure tropicale. Ce matin, une raie manta a fait une pirouette hors de l'eau.
La différence majeure est qu'un nouveau rituel a été intégré à nos journées : écouter les informations.
D'habitude, nous faisons des mises à jour hebdomadaires voire plus espacées suivant la capacité des réseaux internet.
Pour la première fois en six années de voyage, nous avons configuré la radio du bord. Rapidement l'ambiance sonore en boucle mi-publicités mi-mauvaises nouvelles a eu raison de notre envie d'informations. Trop d'un coup pour nous. In fine, c'est donc via la télévision locale et internationale que nous arrivons à être le mieux renseignés. Après environ 80 000 km en tête de mat à prendre vent, embruns et pluie, notre antenne a répondu à la mobilisation. On ne l'aurait pas parié d'autant plus que l'on ne l'utilise jamais. Comme quoi sur un bateau, il y a aussi des choses qui ne tombent pas en panne. 😁
C'est ainsi qu'à heure fixe, nous avons rdv avec l'extérieur. Nous nous retrouvons tous les 2 les yeux rivés sur les terribles compteurs à prendre conscience de l'ampleur de cette crise sanitaire mondiale.

Beaucoup nous ont demandé pourquoi nous ne nous sommes pas planqués dans un lagon désert loin de tout et de tous.
C'est tout à fait possible effectivement. Nous ne sommes qu'à 4 jours de mer d'atolls déserts des Tuamotus.
Cependant, pour nos familles de sang et de cœur, et en tant que citoyens de ce Monde que l'on aime tant, il nous est impossible d'imaginer vivre isolés. Nous avons besoin d'être en cyber contact, de savoir. Et qui sait, peut être aider les Marquisiens si on nous le demandait.

Nous suivons de très près l'évolution dans notre chère Polynésie. À ce jour, il y a 18 cas confirmés et aucun décès.
La Maladie, comme on l'appelle ici, n'est, pour le moment, pas arrivée aux Marquises. 🤞
Cependant, les familles sont face à un dilemne. Tous les lycéens, étudiants en internat à Papeete ont été renvoyés dans leurs îles pour vivre le confinement.
Beaucoup sont inquiets. Sont ils porteurs ? Ces adolescents vont ils respecter le confinement ? N'était ce pas une voie royale faite au virus pour se propager aux 4 coins de la Polynésie ?
Pas facile...

L'enjeu pour les archipels est l'isolement.
Les autorités l'ont bien compris. La Polynésie est passée directement de la phase 1 à la phase 3.
La compagnie inter îles Air Tahiti a suspendu tous ses vols.
Depuis samedi, un navire de la Marine Nationale, qui habituellement surveille la zone économique de pêche, est ici à Nuku Hiva. Nous ne savons pas l'objet de sa mission...

Les Marquises sont à présent face à un enjeu majeur. Il est difficile de faire enfermer chez soi une population qui vit en extérieur un éternel été. Les maisons ne sont pas toutes dimensionnées pour contenir ces grandes familles. Mais nous avons confiance au bon sens de nos amis. Ils sont une population à risques (âge, pathologies...) et vivent depuis toujours avec un système de santé local très limité. L'épidémie dans ces îles serait une catastrophe.

De notre pont, nous voyons progressivement la vie ralentir à terre. L'unique rue ''commerçante'' de Taiohae se vide petit à petit de ses Pick-up. Il y a aussi moins de potimaras de pêcheurs ou de bateaux de locaux qui sillonnent la baie. Nous ne sommes pas descendus et ne descendrons pas avant quelques jours.
Le capitaine d'un bateau copain est descendu faire deux courses aujourd'hui. Tout est calme. Il n'a croisé que les gendarmes. À l'épicerie, c'est en mode Drive. On donne sa liste et une employée gantée la prépare.
Cela nous fait chaud au ❤️ de voir qu'à Nuku Hiva, le confinement et les gestes barrières sont pris au sérieux. 👏 👏 👏

Sur l'eau, beaucoup de bateaux, comme nous aux Marquises depuis des mois, ont fait le choix d'être confinés à bord ''à la capitale''.
Nous sommes rejoints tous les jours par des voiliers arrivant de transpacifique.
Si le flou juridique planait, il a été éclairci par un arrêté du Haut Commissariat à la République samedi 21 mars.
En résumé, toutes les activités littorales et maritimes sont interdites (plongée, paddle, surf, plaisance...). Les bateaux peuvent et doivent rester au mouillage et respecter les mêmes règles de confinement que la population.
Nous tenons, par solidarité avec la population, a respecté à la lettre les directives. L'annexe reste sur les bossoirs.

Les équipages anglophones sur zone ont mis en place des vacations vhf tous les matins à 8h en relation avec Nuku Hiva Yacht Service.
Beaucoup d'interrogations sont levées. Un tel a téléchargé le formulaire d'autorisation de déplacement et peut le transmettre. Un tel est allé à l'épicerie et débriefe. On revient aux fondamentaux, un peu comme les français parlent aux français sauf que c'est quand même drôle d'avoir des infos sur ce qu'il se passe ici dans la langue de Shakespeare.
Une jolie application de la solidarité marine.

De notre côté, nous continuons donc à vivre en mode ours 🐻 . Personne à notre bord et aucun déplacement vers l'extérieur ni à terre ni en annexe inter bateaux.
C' est comment la vie dans la tanière Ti'Amaraa ?
Papa 🐻 bricole, Maman 🐻 cuisine. Ils jouent, ils lisent, ils se chamaillent, ils rient, ils écoutent de la musique, ils dorment. Elle est cool la vie de Papa et Maman 🐻.

Nous ne sommes définitivement pas à plaindre dans notre bulle.
D'autant plus que chez les 🐻, la saison 1 de Game of Thrones vient de commencer 📺

Merci à tous pour vos messages.
Et puisque l'on ne peut plus être tous ensemble, soyons le quelques secondes par la pensée via ce post. 💕

21 mars 2020

Confinés aux Marquises J-1

20 mars 2020
Confinement J-1
Polynésie française : 15 cas avérés /0 mort 🙏

Confinés aux îles Marquises, il y a pire, nous direz vous. Effectivement ...

Cependant, nous avons décidé de raconter un peu comment se passe cette crise sanitaire côté Pacifique et surtout vu de notre bateau.
Le confinement commence ce soir 20 mars à minuit.
En France, vous aviez choisi de démarrer un lundi laissant la soupape du week-end. Ici on tape dans le dur, on commence en vendredi soir. Croisons les doigts pour que les locaux si enclins aux barbecues party entrent dans cet autre ''jeu''.

Nous sommes pleinement solidaires et appelions cette décision de nos vœux pour protéger par l' isolement les archipels potentiellement si fragiles.

Si à Nuku Hiva, où nous sommes, tout semble se mettre en place en douceur. À Hiva Oa, île d'accueil de Messieurs Brel et Gauguin, en revanche, le maire et quelques administrés ont soufflé un vent de panique dans le mouillage.
S'appuyant sur la directive gouvernementale demandant aux touristes sur le territoire de regagner Tahiti, d'écourter leurs vacances et d'avancer leurs billets retour, les politiques ont organisé une réunion pour les voiliers.
Ordre du jour : abandonnez vos bateaux et vous devez aussi quitter le territoire sur le champ.
Nous n'étions pas sur cette île mais des amis nous ont relaté la velléité des propos.
Qu'il est triste de se rendre compte que lorsque la situation se complique, la stigmatisation de l'étranger passe en priorité.
Après 2 réunions, une pétition et la décision de confinement tout est rentré dans l'ordre.
Tout ça pour ça...Bravo Messieurs !! 👎

Quant à nous, à Nuku Hiva, nous sommes prêts. Nous ne sommes pas descendus à terre en ce dernier jour de ''liberté '' justement pour laisser la priorité aux marquisiens dans les commerces.

Vivre en navigant sur son catamaran, nous a appris à gérer les stocks, les quantités.
En somme, ce confinement c'est un peu comme si nous étions en mer... la stabilité et la connectivité du mouillage en plus.

Pour l'heure, les panacotta figent au frigo, les pamplemousses finissent de mûrir dans leur hamac, le congélateur est rempli de bonnes vitamines. Chacun a attaqué un bon roman.
Et puis, il ne faut pas sous estimer Ti'Amaraa et sa to do list. Il va se charger de nous trouver quelques occupations.

Nous ne sommes définitivement pas les plus malheureux. Nous espérons que les posts qui vont suivre ne relateront pas un scénario catastrophe pour nos chères Marquises. Cette population est à risques. Cette vilaine vague ne doit pas déferler par ici. 🙏

Merci à tous pour vos messages.
Et puisque l'on ne peut plus être tous ensemble, soyons le quelques secondes par la pensée via ce post. 💕

16 mars 2020

Inspiration

Cela fait quelque temps que nous n'avons pas pris la plume.
Nous ne vous oublions pas familles, amis, followers connus et anonymes.

Est ce notre ''routine'' d' îles en îles qui est responsable de notre manque d'inspiration ?
Est ce le fait de vivre auprès des Marquisiens une vie tellement normale pour eux qu'elle nous semble peu sujette à être partagée ?
Ou du moins comprise par vous lecteurs pressés pris par un planning minuté que rien n'y personne ne peut ni ne doit modifier ?

Et pourtant, en ces temps troubles où chacun se retrouve face à cette insidieuse menace virale, peut être est il temps de décrire ces journées qui passent comme des secondes.

Se connecter à la Nature
Nourrir des bœufs
Ramasser des graines
Faire réviser la lecture des enfants
Découvrir de nouveaux endroits
Retrouver des amis
Marcher des heures au milieu des cocotiers et arbres fruitiers généreux
Plonger, sauter, barboter
Contempler soir et matin le voyage infini du soleil
Accueillir des lecteurs en mal d'évasion
Donner des cours de gym aux dames du village
Convoyer des personnes, du matériel ou des vivres inter îles pour rendre service
Participer à la nouvelle crèche pour Noël
Découvrir des nouvelles pépites de cuisine locale
Aider à la rénovation d'une maison
Participer à une marche sportive pour les droits de la femme
Dépanner de notre ''anglais'' lors des arrivées de bateaux de croisière
Débroussailler un terrain

Vivre le bonheur léger d'être au monde en somme.

Notre préoccupation majeure est de renouveler l'oxygène de notre existence. Cela passe par le bon air gobé lors des navigations mais aussi par celui partagé sur les terres ou dans les maisons marquisiennes à échanger nos expériences, nos compétences ou tout simplement à offrir ce qui, in fine, n'appartient à personne : du temps.

Cela ne nous empêche pas d'être en veille quant à l'avenir sanitaire mondial avec une préoccupation majeure pour cette population polynésienne si fragile, si isolée. 🙏

La richesse ne se trouve pas dans les rues, les vitrines ou dans les regards de milliers d'inconnus croisés, mais à l'intérieur des maisons où se cachent les âmes les plus authentiques.

Le paradoxe de la maturité nous pousse à rechercher toujours plus d'indépendance, et à désirer la partager.

Inspiration, souffle de vie
Inspiration, souffle d'envie

3 février 2020

Énigmatiques Marquises

Toutes les îles ne cultivent pas avec le même génie leurs vertus proprement ''îliennes".
Ainsi en va t'il de quelques terres qui toutes ont en commun cette capacité mystérieuse et têtue de tourner le dos au monde.
Ces îles là nous parlent de solitude, de silence, d'oubli. Elles évoquent surtout un rapport de l'homme au monde qui ne serait qu'à peine parasité par les échos de ce bruyant concert qu'on appelle l'histoire.
Si l'on obverve une carte du Pacifique, ces quelques poussières de terre ne sont pas si éloignées de ce qu'on appelle ''le reste du monde civilisé " : Tahiti et ses proches voisines sont tout de même à plus d' un millier de kilomètres.
Hawaii, très loin au nord, occupe à première vue une position plus isolée... et pourtant...
Tout se passe comme si les Marquises avaient toujours su que leur destin leur appartenait.
À pas feutrés, nous parcourons ses terres et ses baies avec notre éternelle soif de découvrir, de partager et d'apprendre.
D'apprendre les codes, l'histoire, la langue, la culture, la médecine traditionnelle...
Ce plaisir de conjuguer au quotidien le verbe ''être '' sans forcément en faire de même pour '' avoir''

7 janvier 2020

Par-fête Année

Par-fête Année

C'est une habitude dans notre team flottante. On ne se souhaite pas une bonne mais une parfaite année. N'est ce pas les normands ??...
Cette coutume a déteint chez nos amis marquisiens. Seule l'orthographe a été revisitée pour l'occasion par nos soins.

Invités à les accompagner à leur '' picnik'' de Bonne Année, nous avons littéralement changé d'espace temps.
À moins que ce ne soit un trou noir...
Plutôt un petit trou blanc secret.
Une baie isolée, déserte. Pas de cartographie... Et pourtant, une jolie anse bordée d'une magnifique plage de sable blanc sans moustiques ni nonos où nous avons pu y nicher nos bateaux et celebrer ces premiers jours de 2020 les pieds dans le sable.

Une planète plage où l'on tresse des palmes de cocotiers en guise de nappe pendant que le groupe électrogène charge les enceintes Party Box JBL qui nous ferons danser toute la/les nuits.

Un no man's land où les hommes pêchent le poisson frais pour midi pendant que les filles cuisinent sur le double réchaud à gaz les accompagnements et même les desserts.
Faire des beignets Firi Firi on the beach by night pour le petit déjeuner d'une team de joyeux lurons affamés... Done ✅

Une galaxie où la livraison d'eau, de vivres, du campement... etc etc... se fait par la mer. Jamais nous n'avions vu Ti'Amaraa et notre annexe avec autant de sable, de tout partout et on s'en fout 😉

Un satellite de la Terre où l'homo-célébratus s'hydrate de boissons aromatisées au houblon décorées de Tiki et de Vahinés.

Une grande récréation où toutes les générations jouent dans les vagues accompagnés des requins et des raies mantas.

Une langue de sable bordées d'arbres généreux en cocos et aux espacements optimisés pour installer nos hamacs à l'heure des siestes réparatrices bercés par le ressac, le son des ukulélés et des belles voix amicales.

Un espace spatio-temporel où les jours ne devaient pas faire 24 heures. Sinon comment aurions nous pu emmaganiser autant de souvenirs : faire des pâtés de sable avec les petits, se rouler dans les vagues avec les ados, jouer au beachsoccer et danser avec les jeunes, cuisiner avec les expert(e)s, rester assis dans le sable à contempler entre amis sans un mot le soleil voyageant vers d'autres lendemains, compter les étoiles du ciel ouvert ?

Cinq jours de chants, danses, repas partagés, éclats de rire, baignades dans une ambiance sereine sous l'œil et l'organisation implacable des plus anciens. Les lieux gardent à jamais le souvenir des personnes.

Nous nous sentons vraiment privilégiés d'avoir été invités par nos amis marquisiens à partager cette fête de famille. Un énorme Merci à vous tous pour ces moments à jamais gravés sur le fil de notre Amitié.

Cinq jours et nuits loin du monde et des ondes à célébrer justement le temps qui nous a échappé et que nous nous plaisons à ne pas chercher à rattraper.

Par-fête Année !!!!