L’arrivée au port de Rabat est
réputée compliquée dès lors que la houle s’en mêle. De beaux rouleaux se créent
entre les digues d’entrée rendant le site réputé comme spot de surf…Ca rassure
de suite…
Nous avons choisi notre fenêtre
météo pour la traversée avec cette composante et nous sommes présentés avec des
conditions de mer et de vent idéales pour passer ces digues. Les derniers miles
nous les feront escortés d’un bâtiment militaire de la Marine Royale marocaine,
qui, tout en restant à bonne distance, fera le tour de Ti’Amaraa. Ils ne cherchent
pas à établir le contact, nous continuons.
La Marina, préalablement
contactée par mail de l’escale portugaise, nous avait demandé de les appelé sur
le canal 10 pour que le bateau pilote vienne nous récupérer à un mile nautique
de l’entrée et nous guider jusqu’à notre place. Sans l’ombre d’un souci, nous
échangerons par radio et le petit bateau de la marina sera pile au RDV. L’océan
est beau, une petite houle subsiste, nous distinguons bien les rouleaux qui se
brisent sur la jetée. Le pilote nous explique qu’il faut suivre sa trace :
« Follow my line ». OK, Ok on follow, on follow…
Et là, le gars se met à tracer
vers l’entrée du port à fond. C’est qu’il avance le bougre. On est obligés de
monter nos 2 YANMAR 30CV à 3 500 tours pour le suivre. On entre vitesse grand V
mais sans problème. Passé les digues, la signalisation du « chenal »
est inexistante. Un malheureux poteau résiste mais que signifie-t-il ? Il
n’est ni rouge, ni vert…juste couleur poteau rouillé ?!?!... On s’en moque
on suit notre poisson-pilote.
|
Concentré |
Quelques minutes plus tard, à une
allure plus raisonnable enfin, il bifurque du centre du chenal et semble
vouloir à présent nous faire longer la digue côté babord. Ok, on follow
toujours... On la verra de près, de très près cette digue. Sans les directives
du pilote jamais on aurait osé s’approcher autant. Cela nous permettra même
d’échanger avec les enfants qui jouent et pêchent sur la jetée. A grand coups
de « Bienvenus au Maroc », ils nous accueillent tout sourire. De
l’autre côté, sur la promenade piétonne, les passants sont arrêtés et nous
regardent arriver. On nous prend en photo sous toutes les coutures.
« Arrêtez vous devez faire
erreur…Nous, c’est juste Ti’Amaraa … vous devez nous prendre pour quelqu’un
d’autre »
A peine le temps de regarder toute
cette agitation, que notre pilote s’est quasi arrêté devant nous. Nous
ralentissons. Oh, rien de grave, il se marre juste avec un pote sur un petit
bateau de pêche planté au milieu du chenal. Et oui, c’est marrée basse !!!
On comprend mieux la route « border line » avec 4 mètres de
profondeur. Merci Pilote !!
|
Bouregreb Marina |
Une fois arrivés sur le ponton
d’accueil de la Marina, nous sommes
littéralement cueillis par les équipes des Douanes et de la Police/Sureté
nationale. Des gars débonnaires et souriants, des nanas en uniforme (ou à la
mode européenne) sans aucun signe religieux visible. On passera un certain
temps avec eux pour remplir les nombreux formulaires nous permettant de rentrer
officiellement sur le territoire mais aussi pour Ti’Amaraa. Nous devons faire
officiellement entrer le bateau au Maroc. Nous fournissons tous les documents
qu’ils nous demandent. Ils les photocopient, les photographient, compilent tout
dans un dossier cartonné sur lequel la photo de Ti’Amaraa format A4 est
imprimée. Ils ont eu le temps de nous prendre en photo avant l’accostage et de
l’imprimer. La procédure est suivie consciencieusement mais en nous réservant
le meilleur des accueils.
Vint ensuite la partie « Douanes ». Nous
devrons nous séparer. Ils ne nous laissent pas le choix des rôles. Le Cap’ à
bord pour la fouille du bateau. La Cap’ dans le bureau avec la petite équipe
des douaniers masculins qui se chargeront de lui faire remplir (de très près…) l’ensemble
de la paperasse version 2. Le chien des Douanes doit monter à bord pour la
partie recherche de stupéfiants. Il est connu dans le monde des navigateurs
comme être plus attiré par les frigos que par la drogue mais il faut en passer
par là. Enfin, pas pour Ti’Amaraa. Et oui, accosté contre le quai, notre cata
est trop haut pour ce pauvre chien pataud et en surpoids. Donc pas de reniflage
et pas de poils laissés à bord (il paraît que c’est aussi sa
spécialité !).
A défaut de cette partie de la
procédure, c’est l’ensemble des équipes de Police et de Douanes qui montera à
bord pour la fouille des coffres et tiroirs. On a plus l’impression que le
bateau est un modèle d’expo d’un salon nautique recevant des visiteurs curieux
et admiratifs qu’une quelconque fouille en règle. Nous aurons tout de même
droit aux vérifications d’usage sur les armes et l’alcool à bord. Normal. Une
fois de plus avec beaucoup de gentillesse.
Nous serons ensuite accompagnés
de deux équipiers de la marina vers notre place. La plus belle que nous ayons
eue jusqu’à présent.
|
By Day |
|
En mode Sunny lounge |
|
By night |
Le chenal de manœuvre est un peu
étroit mais la place en elle-même est top. On peut même y accoster notre annexe
en long à côté du cata pour pouvoir sortir. Ah, on oubliait !!! sortir en
annexe … là aussi, la procédure est un peu particulière pour sortir de la
marina, il faut passer par le bureau de Police (ouvert 24h/24) et déposé nos
passeports. En effet, nous n’avons pas fait les formalités pour l’annexe qu’ils
considèrent comme un bateau à part entière. Ils tolèrent la notion de
« roue de secours » du bateau déclaré. Donc ok pour aller en annexe
sur le fleuve ou sortir en mer mais on laisse un document en partant. Pourquoi
pas…
Vous l’aurez compris la Marina
Bouregreg est hyper sécurisée et sécurisante en même temps. Des équipes
disponibles et serviables, présentes 24h/24, des gardiens au pied de chaque
ponton qui veillent sur le bateau, l’annexe et les vélos, un service
d’entretien irréprochable. On vous récupère vos poubelles dès que vous sortez
du bateau avec. Le soir, on vous chasse les mouettes pour ne pas qu’elle passe
la nuit sur le bateau. Le matin, on vous
nettoye le ponton à grande eau. Sans oublier les animations : concerts, feus d'artifice...La médina et le souk de Salé à deux pas, le tram et les
bateaux –navette vers Rabat aussi… et on en passe…
Bref, rien à dire. On se sent
vraiment très bien dans cette Marina. Nous regrettons juste, pour eux, qu’il y
ait si peu de bateaux de passage. Amis navigateurs, n’hésitez pas, l’escale est
extra et peu onéreuse en plus : moins de 20€ la nuit eau, élec et sourires
compris pour Ti’Amaraa.
Allez, nous partons à présent à l’assaut
de Rabat côté terre … prochain article