Commençons par les présentations.
Débarqué en 1814 dans le petit port de Portobelo avec son lot de légende, c'est THE star du coin.
Non, il ne joue pas au foot.
Non, il n'est pas coutumier de la une de la presse people.
Et pourtant, il déplace les foules.
Oui, Naza a un incroyable talent. 😉
Les caméras des télévision sont braquées sur lui à chaque apparition, d'autant plus qu'il ne sort pas souvent de son palais.
Une fois par an.
Et cette année, nous y étions
Holà Naza 🤗
Des milliers de croyants affluent des 4 coins d'Amérique latine pour participer à cet événement, en mémoire de ce 21 octobre 1821 où la population de Portobelo a été la seule épargnée par une grave épidémie de choléra qui sévissait dans tout l'isthme de Panama.
Le pouvoir de cette statut du Christ de Nazareño avait déjà ses premiers followers. Il n'en fallait pas plus pour faire le lien et lui faire porter la paternité de ce nouveau miracle.
Le mythe de Naza était né.
#cristonegro il deviendra.
Mais au fait, pourquoi Cristo Negro ?
Cette représentation d'1,50m de haut drapé d'une grande robe lie de vin n'a aucun trait caractéristique de négritude.
La légende raconte que le bois, et le masque de métal auraient noirci avec le temps et sous l'action des nombreux cierges des pèlerins venant le prier toute l'année dans son repère qu'est l'église de Portobelo.
Aussi en 1945, pour remercier Naza d'avoir fait cesser la 2ème guerre mondiale (quand on vous dit qu'il a du talent), les USA envoyèrent un contingent de militaires pour la célébration annuelle. Ceux sont eux qui l'auraient baptisé Cristo Negro.
Entre légendes et religions, la frontière est subtile.
C'est ainsi que chaque 21 octobre , cette bourgade calme accueille des dizaines de milliers de visiteurs mi-pelerins, mi-curieux (comme nous).
Certains finissent même les derniers mètres en rampant ou à genou jusqu'à atteindre l'église où il est, dès la veille, sorti de son retable vitré et exposé en pleine nef.
Mini Naza personnel porté sur la tête toute la journée |
Pas certains qu'il soit totalement consentant 😉 |
L'affluence est bluffante. La ville est métamorphosée. Des marchants du temple vendent effigies et autres bougies à l'image de la vedette du jour. De nombreux kiosques barbecue et buvettes ont pris rang au bord de la rue principale.
Petit à petit, on sent que la mayonnaise de l'ambiance prend. La journée et la nuit vont être longues.
Petit à petit, on sent que la mayonnaise de l'ambiance prend. La journée et la nuit vont être longues.
Il est 20h, les cloches carillonnent. Un feu d'artifice illumine le ciel panaméen. La procession commence et le temps s'arrête.
Un autre mini Naza sur le chemin |
Naza sort faire le tour de la ville porté par des dizaines d'hommes qui oscillent entre ferveur et épuisement, harrassé par le lourd fardeau.
''Le convoi exceptionnel'' est précédé par un groupe de pénitents. De tous âges, ils ont choisi de faire le chemin en rampant, à genou, en se roulant par terre... Le tout suivi par un partenaire qui régulièrement leur fait couler de la cire de cierges brûlante sur leurs dos nus. Une impression étrange pour nous, spectateurs. Nous ne sommes toutefois pas loin du show. Cela fait partie du folklore.
En revanche, à l'approche de Naza illuminé par des dizaines de cierges, portés par le rythme répétitif de la fanfare, l'assistance est comme hypnotisée par le mouvement chaloupé du cortège.
En mémoire de son arrivée par la mer, Naza danse. La lueur des flammes se reflètent dans ses yeux billes de verre. L'effet est étrange.
Pour la petite histoire, à la conception, le pauvre bougre a été doté d'un défaut de parallélisme oculaire... D'où ce regard biaisé.
La modernité made in China étant passé par là aussi, 2 spots à Led bien dissimulés participent à l'éclairage du regard. 😉
Derrière lui des milliers de personnes vont suivre la procession d’action de grâce, vêtus de violet pour la plupart en scandant des Viva Naza !! De 7 à 77 ans la ferveur est perceptible. Le silence s'impose pour nous, spectateurs. Il y a du recueillement dans l'air.
Les services de police, pompiers et sécurité civile encadrent la foule.
Agoraphobes, passez votre chemin. C'est vraiment impressionnant mais ça vaut le détour.
N'imaginez pas une bondieuserie... Le cortège longe les buvettes et barbecues. La frontière entre le païen et le religieux se mesure en mètre linéaire de chorizo ou de canette de bière locale.
À minuit, quand la vedette rejoint son église, les tenues violettes sont déposées en offrande sur le parvis sous les éclats d'un nouveau feu d'artifice déclarant ouvertes les festivités.
Musique, mini casino ambulants et glacières fournies... Tout est en place pour s'amuser jusqu'au bout de la nuit.
Les forces de l'ordre sont plus que jamais déployées pour éviter le moindre débordement.
Mirador de surveillance occupé H24 |
Le radio ponton que l'on déteste déconseillait fortement la participation à cet événement.
Au final, la désinformation fonctionne.
Le mouillage était quasi désert. Les 4 bateaux français que nous étions, ont eu tout le loisir de profiter (sans les embouteillages et la foule) des festivités sans jamais ressentir une once d'insécurité.
Bien sûr, nous n'avons pas tenté le diable en nous éternisant à l'heure où les degrés alcooliques peuvent faire dégénérer les bons moments.
C'est pas tout ça mais Naza est aussi le Saint Patron des voleurs.
À 6h le lendemain matin, lorsque nous nous réveillons à bord de Ti'Amaraa, la musique bat toujours son plein à terre.
Nous levons l'ancre vers d'autres horizons laissant aux employés de voirie et aux administrés de l'église San Felipe à leur autre chemin de croix... celui de nettoyage et du rangement.
Candidats au voyage, à vos agendas :
21 octobre à Panamá 👍
21 octobre à Panamá 👍
Vous ne le regretterez pas.