Minuscule couronne corallienne esseulée, oubliée, méconnue.
Peut-être certains férus d'ethnologie auront entendu parler de l'aventure du Kon Tiki. Faites un tour sur Wikipedia vous entendrez parler de Raroia.
Arrêtons là notre minute historique. Laissons la place aux images qui, à elles seules, sont le reflet du plus beau des paysages celui d'un irrésistible espace de liberté.
Nous goûtons à la volupté d'un monde d'initiés au milieu d'un présent expansé en complète connection avec la Nature.
À terre, on vit dans une autre dimension, sereine, active et bienveillante.
Les jolies maisons sur terre de corail renferment des sourires généreux. Le venue mensuelle du cargo ravitailleur distille une animation joyeuse sur le quai. Ici, le père Noël s'appelle Nukuhau. Les enfants savent qu'au delà des denrées alimentaires, il cache dans ses cales les précieux présents que des lutins se sont chargés de préparer à Papeete il y a des mois. Nous sommes mi acteurs, mi spectateurs, immédiatement intégrés au mouvement.
''C'est vous le gros bateau blanc arrivé hier ? "
" Et vous restez avec nous pour Noël et la fête du village ? "
Le lendemain, un villageois prendra même son bateau pour venir nous voir à bord avec son fils, juste pour nous offrir poisson, pota (salade locale), riz, coquillages.... Et même, une sauce roquefort maison cuisinée pour nous !!!
Mais où, a t'il trouvé ça??
Il a des propositions de balades plein ses discours. Il veut nous faire connaître son atoll natal : les motus du lagon, les crabes coco, les spots de snorkeling avec les requins citrons, la passe en mode plongée, les spots de pêche, des recettes locales... On en a l'eau à la bouche.
Oui mais voilà, la météo en a décidé autrement.
Un vent favorable se dessine sur nos fichiers météo. 3 à 4 jours de traversée nous attendent avant de rallier les Marquises. Un passage difficile annoncé : courant contraire, navigation au près. Cet archipel est à portée d'étrave mais il se mérite. Il est aussi hors zone cyclonique. Il faut partir.
Promis Raroia. Nous reviendrons et prendrons plus de temps.
Après ces jours magiques d'intermezzo à Raroia, la mer et la météo nous restitue donc le droit d'aller. Aller vers un panorama déroulant de plusieurs jours.
Des chemins dont on ne connaît ni le tracé, ni la destination, ni la destinée.
La marche du bateau réinstalle un plaisir peu commenté, souvent premier: celui de faire corps avec le navire dans son mouvement, ses dangers et sa solitude. Là où l'humain ne peut compter que sur ses deux mains pour se sauver. Sa route et son heure sont les nôtres, à l'écart du temps des hommes... Vers la terre des hommes.