Les Canaries, c’était jusqu’à
présent pour nous le « détail » sur la route transatlantique. Un
point de passage obligé et certainement agréable à mi-chemin avec les Caraïbes,
limite on vit déjà en mode caribéenne mais pas une fin en soi.
Et bien, nous nous étions
trompés. Ce n’est pas cela ! Il s’agit d’un vrai « continent » à
part à entière riche en panoramas spectaculaires et en culture insulaire
hispanique attachante. Mais aussi une étape de navigation nouvelle. Déjà pour
les atteindre !! On rentre dans la cour des grands et on se sent petit au
début face à cet Océan et cette Houle. Rassurez vous ce n’est pas
catastrophique et on s’y fait très bien. C’est juste assez nouveau. Pour avoir
échangé avec pas mal d’équipages ici, nous avons pu remarquer que nous étions
tous arrivés à la même conclusion :
Les Canaries, ça se gagne !
Arrivée sur La Graciosa |
Vent vrai : 32 noeuds ;-) |
On comprend mieux à présent
pourquoi des bateaux ou des équipages mal préparés arrivent ici et arrêtent là
leur programme de navigation. Il faut vraiment embarquer à bord des personnes
sensibilisées et qui ont envie de cette aventure car il peut y avoir des
journées un peu rockn’roll.
Le trip : Tiens, cet été j’approche le bateau
aux Canaries pour qu’il soit près pour la transat en novembre. J’embarque les
couples d’amis non préparés qui s’imaginent en mode la croisière s’amuse avec des plages cocotiers à l’arrivée…
On déconseille fortement !! Ne vendez pas ça
à vos équipiers !!
« Situées autour du 28°
Nord, baignées par le courant éponyme et soumises aux alizés de Nord Est, les
îles des Canaries jouissent d’une température moyenne annuelle de 25°C dont les
variations excèdent rarement les 5°. Cet archipel est surnommé les îles de
l’éternel printemps ». C’est sûr vu de ce côté-là, ça ne peut être que le
top, ici.
« Les paysages côtiers à l’approche
par la mer alternent entre plages de sable blond, de sable noir, de galets et
aussi des affleurement de roches volcaniques et des abrupts qui découpent l’horizon »
Impeccable, on va se faire de beaux mouillages sauvages.
Loin des clichés des Tour Operators,
qui d’ailleurs opèrent principalement dans les villes/hôtels parsemées sur
chaque île qui ressemblent plus à un décor Disney qu’aux villages canariens,
nous avons découvert un bassin de navigation beaucoup plus subtil et capricieux
que nous l’attendions. En effet, du fait des reliefs intérieurs culminant
souvent assez (voire très) hauts ainsi que du caractère sombre des roches, des
phénomènes d’accélération du vent sont réputés sur tout l’archipel. On ne parle
pas des traditionnels effets dans les chenaux inter-îles mais vraiment de
phénomènes caractéristiques à certaines zones. On a testé pour vous à plusieurs
reprises : la prise d’un ris avant d’arriver dans ces zones s’avère fort
efficace !
Prenez l’exemple de
Lanzarote : navigation tranquille vers le Sud sur la côte Est. Un petit
vent doux, régulier et au portant 15/20 Nœuds, bien quoi ? C’est sans
compter sur l’effet de début d’après-midi d’Arrecife et son caractéristique
vent de terre plus ou moins fort pendant quelques heures. On s’est donc
retrouvés avec des rafales assez subites d’une bonne trentaine de nœuds. De
même dans le canal entre Lanzarote et Fuerteventura, Ti’Amaraa a surfé avec des
rafales à plus de 40 nœuds. On se serait presque crus de retour dans le golfe
du Lion.
Autre exemple, pour remonter du
sud de Gran Canaria vers Santa Cruz de Tenerife, un capitaine de ferry à donner
le tuyau à des amis qui devaient faire ce tronçon pour éviter les zones les
plus critiques : longer la côte ouest de Gran Canaria jusqu’à Puerto San
Nicola, puis traverser vers Tenerife direct sur le pointe d’El Socorro pour
ensuite remonter sur Santa Cruz en longeant les côtes.
Dans tous les cas, il faut bien sûr
prendre sa météo et en particulier sur des sites locaux tels que sail.meteosim.com qui prennent en compte les spécificités
de leurs îles, leurs effets de côtes avec de fortes accélérations et s’avèrent
assez redoutables de précision.
Les zones noires et grises étant à plus de 40 noeuds |
Et les mouillages ?
Le projet de passer ici vos nuits
dans de jolies baies doit rester assez limité. La nature des fonds varie mais
on tourne surtout sur des pierres, des blocs volcaniques. Il y a bien sûr
quelques fonds de sable mais ils restent assez rares. De plus, ils sont souvent
assez rouleurs du fait de la houle océanique qui règne dans le bassin de
navigation.
Le mouillage de la Playa Francesa
à La Graciosa restera pour nous le meilleur et le plus beau mouillage des
Canaries, et ce, même si on a pris plus de 40 nœuds pendant 3 jours
consécutifs.
THE Mouillage !!! |
Nous avons aussi passé une belle
escale à Arrecife sur corps mort derrière la jetée du petit port de pêche.
Voici le point GPS : 28.57.2077 N / 13.32.9875 O. Cette zone est
identifiée comme mouillage sur les cartes. Nous avons essayé d’y planter notre
Delta 32 kg à plusieurs reprises. Rien à faire. Les blocs ronds volcaniques
roulent au fond et ça ne tient pas du tout ! C’est grâce à Mat un
franco-polonais sur corps mort depuis 2 ans que nous avons eu l’info qu’ils
étaient disponibles et gratuits. Il est vrai que la malheureuse frite de
pataugeoire jaunâtre qui flottait ne nous tentait pas trop à l’accroche. Il
nous a assuré que c’était un super corps-mort. Il avait raison. La confiance
n’excluant pas le contrôle. Le Cap’ a plongé pour vérifier la taille des blocs.
Effectivement, Madame frite était reliée à 2 énormes blocs de béton. On a dormi
sur nos 2 oreilles. Et beaucoup plus au calme qu’à la marina d’Arrecife
éternellement en travaux depuis de nombreuses années….et fort chère.
Arrecife sur corps mort |
On était le seul bateau de voyage |
Parlons des ports ?
Chaque île en propose plusieurs.
Il y a deux catégories. Ceux qui sont en gestion publique (municipale) comme à
Las Palmas où nous avons payé 13€/nuit (eau, élec, wifi compris). Et ceux qui
sont en gestion privé où les prix, la qualité des services et la possibilité de
rentrer en cata varient beaucoup. Nous avons testé la marina Rubicon à
Lanzarote et Santa Cruz à Tenerife. Elles sont toutes les 2 aux alentours de
30€/nuit pour le Lagoon 39 avec eau et elec. Le Wifi est une bête curieuse qui joue souvent la fille de l’air dans ces
marinas. Soit les places sont trop loin du hotspot (d’où l’achat des antennes)
soit dans certaines marinas comme à San Miguel (Tenerife) il faut aller au café
du coin…
Ti'Amaraa arrivant à la marina Santa Cruz de Ténérife |
Marina Rubicon Lanzarote |
Muelle Deportivo Las Palmas Gran Canaria |
D’une manière générale, en
catamaran, il faut bien se renseigner voire réserver avant sa place car
certaines petites marinas ne disposent que peu de places pour multicoques
(comme Puerto Mogan à Gran Canaria). Préparez vous aussi dans ces petits ports
à l’escal...ade.
Oui, oui, vous avez bien lu. Les places cata sont souvent contre
les quais bétons et avec les amplitudes de marées ça donne ça pour aller à
terre … expérience vécue par nos amis avec leur Lagoon 450 à Puerto Mogan (merci
pour les photos)
Marée haute : jusque là tout va bien |
Marée basse ... No comment :-) |
Nous n’avons bien entendu pas
fait escale dans toutes les îles, ni tous les mouillages, ni tous les ports. Il
ne s’agit que de notre vision partielle de l’escale aux Canaries. Nous avons
beaucoup aimé cette escale même si Ti’Amaraa a dû y attendre sagement au port
le retour des alizés, et la disponibilité de l’équipage. Venez aux Canaries et
si vous pouvez prévoyez d’y rester un peu. Il y a tellement d’îles et de beauté
à découvrir. C’est fort dommage de ne les voir que comme une escale technique
éphémère avant de traverser. Mea Culpa !
A suivre, un article Canaries côté
terre (comme d’hab) avec là aussi nos impressions sur les sites que nous avons
vu . Et pour ménager le suspens nous ne dirons qu’un mot : Waouuuuu