Drôle de titre pour vous raconter notre canal, n'est ce pas ?
Nous savions que ce serait une étape cruciale de notre voyage mais on ne s'attendait pas à un tel flux d'émotions.
L'excitation:
Bien sûr, il faut préparer le bateau pour l'après canal. Nous en avons déjà parlé. L'avitaillement, les pleins de gasoil....
Nous avons déjà vécu des préparatifs mais cette traversée revêt un caractère différent. Le canal d'abord, le Pacifique et son mois de mer ensuite.
Lorsque, la veille, Ti'Amaraa s'installe dans la mythique marina de Shelter bay à l'entrée côté Caraïbe, un frisson parcourt nos échines. Nous, y sommes.
Les amarres et lignes sont livrées à bord par notre agent. Administrativement tout est en règle. Nous réglons les 1360 $US (1100 €) nous permettant de franchir les portes.
Y a plus qu'à attendre les infos du centre de régulation du Canal.
Nos cœurs marinent dans de l'élixir d'adrénaline.
Le stress:
9h30, l'info tombe du bureau de régulation du traffic. Nous sommes bien programmé pour le lendemain le 20.
Yes 🎉
Avec notre bateau copain Jonathan
Re Yes 🎉
Mais ce sera un transit en un jour. Le départ est annoncé pour 4h30 du mat'.
Euuuh gloupsss
Ascenseur émotionnel quand tu nous tiens.
Nous sommes ravis que nos 2 bateaux soient programmés conjointement. Cependant, une pointe de déception s'invite. Exit la nuit au lac Gatun que nous avions tant appréciée lors du convoyage du bateau Mars.
Nous ne devions décoller que vers 16h. C'est sans compter sur la fiabilité de l'organisation panaméene.
Rétropédalage à 5h du mat !!! Yalla.
Bon.... De toutes manières, on n'a pas le choix. On y est, on y est. Faut gérer.
Pour l'équipage de Ti'Amaraa, cette modification planning est sans grande conséquence. Nos 4 équipiers sont déjà dans le taxi qui les mène à nous. Nous aurons largement le temps de rejoindre le lieu de mouillage avant la nuit. No stress.
En revanche, deux équipiers pour Jonathan (les capitaines de AquaVitae et Merak) sont en cours de transit d'un autre bateau copain. Ils ne seront pas débarqués avant 20h à Panamá city. Sachant qu'il faut plus de 2h pour rejoindre l'autre côté du Canal...
Le plan "il faut sauver le Capitaine François" est lancé. Les gars s'exfiltrent de Panamá city, sautent dans un Uber débutant qui semble ne jamais avoir quitté la capitale intra muros. Il fait nuit. Le chauffeur a l'acuité visuelle d'une taupe miope. Jusqu'à 50 km/h, tous se marrent... Dès que le compteur s'affole, le silence s'installe. François et nous sonmes aux aguets derrière nos whatsapp pour suivre le convoi exceptionnel d'handliners.
Cerise sur le gâteau, ce brave chauffeur ne sait pas que la marina est de l'autre côté du canal et qu'il faut attendre un bac pour traverser. Nos amis l'arreteront in extremis avant d'inaugurer le mode sous marin chez Uber. Ouffffffff...
Il est 22h30 lorsque François nous informe par Vhf qu'il a récupéré les gars éreintés mais entiers et qu'ils sont en route pour nous rejoindre au mouillage d' entrée, là où le départ du transit commence le lendemain à 5h.
Enfin 5h30 car l'advisor aura une demi heure de retard.
La concentration :
Nous transitons avec Jonathan, monocoque de 42 pieds et un autre mono de 45 pieds.
La mise à couple avec notre ami est une formalité. Les capitaines se connaissent bien et ça roule.
Le deuxième équipage composé uniquement d'handliners ''pro'' nous donne plus de bouts à retordre.
Certains semblent se demander quoi faire avec cette ligne lancée... Et comment on la tourne sur un taquet ? !?!! On hallucine.
Il n'y aura ni dégâts ni bobos mais nous sommes encore plus convaincus que la solution est d' avoir des marins à bord et de ne pas faire confiance à des pseudo pro du cru...
Concentration, nous vous disions...
Une fois le convoi ficelé, c'est à notre tour d'amener tout ce petit monde à l'intérieur des écluses.
Ti'Amaraa et ses 2 moteurs de 30cv doit propulser, aligner, compenser la dérive et les remous. Le Cap' gère. Nous avons fait en sorte d'avoir François sur notre tribord, côté poste de barre... Ou plutôt potes de barre.
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Notre pote de barre 😍 |
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Inséparables Cap'tains |
Il suffit aux capitaines d'échanger des regards et quelques mots pour que Jonathan appuie de son hélice pour faciliter le réalignement du convoi. Le top !
Capitaines candidats au passage, n'oubliez pas que le gars du Canal imposé à bord n'est qu'un Advisor. Comme son nom l'indique, un conseiller. Certains ne sont incontestablement pas aux faits des manœuvres des voiliers et n'anticipent pas assez les mouvements. N'attendez pas les ordres si vous sentez le convoi dériver car avec la prise au vent et les forces en jeu cela peut vite se transformer en cauchemar.
Nous glissons ainsi au petit matin dans la première écluse montantes. La grosse machine '' Canal'' peut démarrer.
Des cœurs sur pause
Les larmes:
Ti'Amaraa et ses frères siamois sont tenus en laisse aux 4 coins du radeau. Les premières portes se ferment définitivement sur la mer des Caraïbe et l'Atlantique.
Des semaines de préparation, les amis à bord aussi sérieux que solidaires, des dizaines de messages d' encouragement, le stress qui disparaît pour laisser place à la détermination...
Un flot d'émotion aussi puissant que les remous de cette écluse montante envahi la Cap'.
Ce n'est pas de la mélancolie. Tout simplement une vague de bonheur aussi spontanée que débordante surmontée d'une pointe d'écume de fierté.
Fière de notre bateau, de notre équipage, de notre chemin parcouru depuis ce premier regard échangé.
''On ira", nous étions nous dit.
Nous y sommes.
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Bye Bye Atlantique |
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Paparazzi on board |
La pudeur et surtout la concentration du Cap' l'empecheront de vraiment en profiter sur l'instant. Ce n'est que quelques jours plus tard à la lecture de vos très nombreux témoignages qu'il atterrira en douceur confortablement installé dans son mouillage pacifique entourés des amis équipiers et partenaires de traversée
Des cœurs déterminés
La joie:
Sentiment lié aux larmes nous direz vous.
Certainement.
Au delà des émotions personnelles, transiter à travers ce canal centenaire entouré d'amis navigateurs est une expérience inoubliable.
Le transit en une journée est in fine très appréciable. Tout s'enchaîne. Les temps morts n'ont pas leur place. Nous gardons le même advisor pendant les dix heures que dureront notre transit.
Nous traversons le lac Gatun. Les crocodiles saluent notre flottille. Nous déjeunons en traçant notre chemin le long des bouées du chenal et les cargos.
L'ambiance est détendue. Entourés des copains, nous savourons les paysages et le moment.
Le partage, encore le partage.
La joie est à son comble lorsque nous sommes dans la dernière écluse, la célèbre Miraflores. Les équipages se détendent. On chante on danse même. Les touristes aux terrasses du centre des visiteurs en ont pour leur billet. Les 2 bateaux gaulois mettent l'ambiance.
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Gros derrière... Très gros !!! |
À terre, famille, amis et followers sont connectés sur la Webcam et nous envoient leurs captures d'écran.
Profitant du temps d'attente de manoeuvre du gros roulier venant s'incruster dans NOTRE écluse, nous démarrons un live sur la page Facebook de Ti'Amaraa. Quelle surprise de lire vos messages, de répondre aux questions de petits et grands, de vous voir si nombreux connectés.
Un grand merci Jérôme d'avoir capturé pour nous ces instants du live 👍
2 bateaux
10 membres d'équipage
Vous tous derrière Ti'Amaraa pour l'accompagner pour le grand saut dans le grand bain lorsque les dernières portes s'ouvrent sur le Pacifique.
Le souffle est cours. Les yeux picotent... Même de l'autre côté des écrans en France.
C'était bon. C'était fort !!!
Prenez l'eau d'un Canal vieux de 100 ans, ajoutez y :
- Une pincée de rire
- Une noix de concentration
- Un kilo de bonne volonté
- Un zeste de sentiment sincère
- Une cuillerée de bonne humeur
- Une dose d'adrénaline
- Un soupçon de solidarité marine
Voilà la recette de nos 10 cœurs en court bouillon d'Amitié
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Premier réveil tous ensemble sur le Pacifique |
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Allez Jonathan, la balade continue
Juste le temps de réceptionner AquaVitae et Merak |