23 août 2016

Dans le bleu Épisode 3: Bonaire

Étraves plein ouest.
Une quarantaine de miles nautiques, 80 petits kilomètres seulement séparent les îles venezuéliennes de Los Aves à l'île de Bonaire.


Une même mer des Caraïbes,  un même climat... Mais tout un monde de différence.
Si pendant la traversée, au portant sous Parasailor, notre Ti'Amaraa a galopé comme Ourasi à la grande époque. En revanche, les 6 derniers miles sous le vent de l'île ont été sportifs. Nous sommes passés de la course de fond aux sauts d'obstacles. 
De vilaines rafales à près de 30 nds, nous ont en effet forcé à changer puis à réduire de la toile. Sacrée école de voile le coin ! Nous aurons presque eu toutes les allures en 6h de nav'. Nous arrivons dans la baie comme un boulet de canon. La mer est agitée, le vent souffle. L' arrivée sur Kralendjik est vitaminée. On sait que le mouillage y est interdit. C'est sur bouée que ça se passe par chez eux. Vu les conditions, on sent que ça va être rock'n roll... 
D'autant plus qu'il faut attraper non pas une mais deux bouées !!! Une par étrave. Génial !!! Bouées étant un grand mot car d'après le guide nautique il s'agit plutôt de deux petits flotteurs bicolores.
Le Cap est serein. La Cap et sa gaffe prient les Saints des bouées (si! si! ils doivent bien exister...il FAUT qu'ils existent !!!)  pour qu'ils nous en aient laissées de libres et que la capture de ces bestioles ne soit pas trop galère. 
Lorsque l'on se présente sur zone, toutes les bouées arrières sont prises... Pas cool...
Il n'en reste que quelques unes en première ligne très proche du bord et des autres bateaux.
Pas le choix, faut y aller et va falloir le jouer serré.
- Y aura assez de fond ?
- Y aura assez de rayon d'évitement le plus proche voisin est tout de même un Oceanis 50 ?
- Elle est de quel côté du flotteur la boucle à attraper ? Pour certains bateaux en place c'est côté blanc... pour d'autres c'est rouge... et d'autres encore c'est une bouée classique rouge! Parfait, ça nous aide !!! Merci les Saints des bouées.

On approche doucement. La ville et ses immeubles coupent le vent. Finies les rafales, le plan d'eau est nettement plus praticable. Finalement, on trouve du bon dans les constructions bétonnées en bord de côte.
En deux coups de cuillères à Yanmar, on est ficelés aux deux flotteurs. Quand on vous dit qu'ils existent les Saints des bouées !!! Ou alors c'est l'équipage qui s'améliore ?


Seayousoon et Ti'Amaraa au mouillage 

Il y a près de 3m de fond et nous sommes certes près les uns des autres mais tous sur bouées ça le fait.
Hihaaaaa !!! Y'a plus qu'à...
1- dormir
2- profiter... demain 

Au premier coup d'oeil, Kralendjik n'a pas grand charme. Après un mois d'îlots déserts et préservés,  on se retrouve à quelques mètres de la jetée et d'une ville à l'européenne. Camions, voitures,  motos ou quads agitent le front de mer. Les avions sillonnent le ciel. Les klaxons et sirènes remplacent les chants des sternes.
Mouai... Bof...
Seul le bleu translucide du plan d'eau est engageant. 
Allons allons, pas d'à priori! On a lu beaucoup de bien sur cette escale surnommée le paradis des plongeurs. Wait and see... 




Concernant les formalités, un seul bureau,  un seul interlocuteur tout sourire, un seul petit quart d'heure pour être en règle pour 0,00 €.
Pour ceux qui nous ont interrogés suite à l'escale venezuélienne, deux options sont possibles:
- soit vous faites la sortie à Gran Roque avant de partir pour les Roques ouest et les Aves. 
- soit si vous n'avez pas prévu de revenir de si tôt aux Roques, vous ne faites pas la sortie à Gran Roque et vous avez en poche une clearance de Martinique avec Bonaire pour destination.(faite en avance de phase sur les ordinateurs mis à dispo par les douanes françaises) 

Dans les deux cas, les dates des clearances de sortie sont très éloignées de celle de votre arrivée effective à Bonaire mais ils s'en moquent. Ils font une copie du papier et basta.
Nous avons opté pour l'option 2, les copains de Seayousoon pour la 1, l'un comme l'autre nous avons été accueillis sur le sol néerlandais sans encombre.
Et oui, Bonaire est un bout d'Hollande (Le pays, hein ? Pas le président !) en climat Caraïbe.

Les bouées sont facturées 10 Us$ la nuit, soit trois fois moins qu'aux BVI tout de même. 
Escale payante, mouillage ''dirigé''. Comparé à la liberté et la gratuité de nos escales venezuéliennes, nous avons décidément changé de monde... Mais on n'a rien sans rien. C'est aussi ce qui fait le charme de notre vie en voyage. À chaque nouvelle escale,  nous devons nous adapter au rythme et usages locaux.

La première balade en ville nous renvoie dans les codes européens : une civilisation galopante, des portables qui carillonnent, des vitrines aguichantes, le roi Us$ omniprésent... Mais aussi des cafés avec WiFi !!!
Vite une Maj !!
Il faut bien reconnaître que cela fait du bien de vous lire et de recevoir et donner des news.
Merci pour tous vos messages suite à la publication de la vidéo des Roques et des Épisodes ''Dans le bleu 1 et 2''.

Si en ville, il ne semble pas y avoir de quoi tomber à pamoison, sous l'eau par contre, tout un programme nous attend.
Sous le bateau, à quelques mètres de la jetée et de la vie trépidante de la ville principale, l'eau est d'un bleu lagon magnifique.
Régulièrement , nous sommes spectateurs d'entraînements sportifs de locaux devant nos étraves: natation, voile, water-polo... 
À chacun ses Olympic Games...



Au premier coup de palme, on se retrouve nez à nez avec des anges français peu farouches ou des raies aigles accompagnés de la noria ''habituelle'' de poissons coralliens multicolores.
On comprend vite lorsque l'on met le masque sous l'eau l'interdiction de mouiller. Déjà les coraux sont préservés et donc nombreux, aussi le fond descend très vite. Les bouées sont à ras d'un tombant de plusieurs dizaines de mètres. On comptabilisera 40 mètres tout de même à l'arrière de Ti'Amaraa en plongée. Mouiller serait bien compliqué et peu sécurisant. On ne regrette pas nos 10 dollars.

La philosophie adoptée par Bonaire est de laisser tous les sites de plongée libres d'accès. Ils sont identifiés en bord de route par des cailloux peints en jaunes. Des bouées de la même teinte sont à disposition pour amarrer les annexes, les bateaux privés et ceux des clubs professionnels. Si l'on est autonomes et équipés, on peut plonger autant qu'il nous plaît (hors structures commerciales) à la seule condition de participer à la fondation des parcs naturels de Bonaire. Le prix est fixé à 10 dollars pour les snorkellers et 25 pour les plongeurs. Ce pass est valable un an, donne accès aux 2700 ha de zone côtière autour de Bonaire et au Washington Slagbaai National Park (parc terrestre dans le nord de l'île de 5643 ha).


Heureusement que les formalités d'entrée sont gratuites car entre les nuits sur bouées et le ''Nature fee'', un petit budget est tout de même à prévoir pour accéder au paradis des plongeurs. Le St Pierre en combi néerlandais à la bosse du commerce.

Remplissage des blocs en drive in

Nous aimons croire que le but principal est la préservation du patrimoine. Les plongées nous le confirme immédiatement.
Quel luxe de pouvoir plonger en direct de notre bateau ! On accède au tombant et ses beautés de nos jupes.



Une vidéo vaudra mieux que des mots. Des poissons par centaines, des anges français énormes qui vous suivent comme des petits chiens, des anges empereurs et Caraïbes majestueux dans un décor corallien de toute beauté.
Waouuuuu effectivement ça vaut l'escale ! Une fois de plus de faux airs des tombants polynésiens les pélagiques en moins.
En terme de tailles (âge) de coraux nous sommes toutefois en dessous de ce que nous avons pu voir aux Roques mais l'état de préservation fait plaisir à voir.

La petite île soeur Klein Bonaire possède une multitudes de sites pour buller en immersion dans le monde du silence. Sa préservation en îlot désert et protégé en fait un havre de quiétude lorsque l'on sature des bruits urbains. D'un run d'annexe nous avons pu barboter pendant des heures au milieu des coraux multicolores et des poissons assortis.

La vie fut donc douce à Bonaire.
Île de passionnés de nature et de sports, nous avons apprécié l'état d'esprit et l'art de vivre qui se dégage de ses quartiers.
Dès le plus jeune âge, la sensibilisation au respect de la Nature est enseignée. Un corps de ''Rangers Junior'' est par ailleurs très actif et très apprécié des enfants de Bonaire et de leurs parents. À terre comme en mer, tout est propre et respecté. 



Notre budget limité ne nous a pas permis de faire les clients mystères de TripAdvisor pour faire un comparatif des offres en matière de ''diner à terre''. Nous avons toutefois flashé sur l'un d'entre eux: le Bistro de Paris, situé dans la marina.



Après un mois en autonomie entre poissons frais, riz, et ce même avec les langoustes, cela peut paraître du snobisme mais on frôlait l'overdose. On a donc adoré dévorer un Burger au bon steak saignant avec un semi-remorque de frites et du rosé de Provence. Aaaah les classiques !!!
Donc sans chauvinisme aucun, ce resto est top ! Patrice, chef d'origine bretonne expatrié depuis des années à travers le monde, a fait de son établissement une belle image de notre gastronomie relevée de touches exotiques assorties au décor. À découvrir sans modération !!!

Merci pour tout Patrice
Ton sourire, ta générosité,  ton équipe
Ne changes rien !

L'accueillir à notre bord avec les Seayousoon fut aussi un réel plaisir. 
Quoiqu'un peu stressant : on cuisine quoi à un chef cuistot ?
Non sans blague, sans chichis nous avons mis en commun nos petits plats et passé une belle journée autour de notre plancha entre français d'outre-mer. 

Accaparés par ces belles plongées et notre vie sur l'eau, nous avions délaissé les charmes terrestres.
Inadmissible pour Patrice et son épouse Kerenza, native de Bonaire. Le tour de l'île est obligatoire pour se faire une vraie idée de cette île aux valeurs écologiques.
Qu'à cela ne tienne, malgré leurs boulots, plannings et obligations , ils s'arrangeront dès le lendemain pour nous mettre à disposition leur pick-up pour la journée. Merci à vous deux pour ce joli cadeau, en cette veille d'anniversaire de la Cap'. 


Nous découvrirons une île multi-facette.
L'industrie du sel au sud dessine un panorama de lacs roses affleurant une côte sous le vent aux eaux turquoises et surmontés de dunes blanches cristallines.

Maison des esclaves 



Au nord, nous aimerons admirer les ânes sauvages, les iguanes craintifs, les flamands roses gracieux et surtout les perroquets bavards dans une nature primaire entre savane et désert de cactus.




D'ailleurs les clôtures des propriétés sont dans la pensée écologique de l'île et sont un savant enchevêtrement de cactées. Ces plantes font aussi le bonheur des chauve-souris et des oiseaux qui se régalent des moustiques qui ne dévorent plus les proprio. La Nature boucle la boucle ;-)



Cette île est riche et belle de panoramas originaux. Encore une fois, une jolie surprise, une belle découverte et la confirmation qu'il ne faut pas s'arrêter aux ''à priori''.
À mettre dans vos sailing lists...

Quant à nous, la route reprend. D'autant plus que notre ''assistante planning'' préférée Dame Météo se charge de nous semer quelques RDV à respecter ou plutôt à éviter justement. 
Nous y sommes !
Où donc ?
En pleine phase active de la saison cyclonique.
Les dépressions tropicales se forment les unes derrière les autres sur l'Atlantique. 


Après Earl sur le Belize (ouf nos amis sur Nina sont safes), Fiona qui a fait faux bond à l'arc antillais après quelques hoquets, la DT#99 suivie de près par un autre système semble elle décidée à faire plus de bruit. Les simulations de trajectoires se succèdent. On croise les doigts pour tous les copains sur zone.
Bien que déjà assez excentrés, nous pouvons tout de même être soumis à des effets de houle et de renverse de vent difficilement compatibles avec le mouillage de Kralendjik. Comme à notre habitude, une Assemblée Générale/Petit déjeuner a été convoquée.
Vendu...Cap sur Willemstad et son mouillage Spanish Water.

À tous nos lecteurs qui en profitent pour bosser leur géographie... à vous de jouer pour trouver notre prochaine escale. 

Un indice ???
Compte tenu de la spécialité liquoreuse de notre prochaine escale, nous n'appelerons certainement pas le prochain article: Dans le bleu

Trouvé ???

Rdv donc à Curaçao pour la suite de nos découvertes. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut les amis,

Dites, j’aurais un petit service à vous demander. Ben voilà, j’ai installé mon dessal, mais je ne peux pas le tester, l’eau est trop crade ici. Alors comme vous, il semblerait que vous évoluez dans de l’eau nickel, pourriez-vous m’en faire parvenir 153 427 gallons (Oui, ici aux US, on ne connaît pas ni les litres ni les m³, c’est le gallon, sans doute à cause du lobby militaire), ça serait sympa, ça me permettrait d’essayer mon nouveau jouet. Pour l’adresse d’expédition, mettez « Maison Blanche », j’ai un pote baraqué là-bas qui fera suivre ; confondez pas, Maison Blanche, parce que Maison Bleue, c’est à San Franscisco, ça m’arrangerai un peu moins.
Merci à vous, et continuez la Grande Vadrouille dans laquelle on nous dit que : «  y a pas d’hélice hélas, c’est là qu’est Los Roques (ou Aves, ça marche aussi) »

À plus les amis, bises à vous deux,
Jef, sur sa sémillante Aqua Vitae.

Bernard et Sandra sur Ti Amaraa a dit…

Cher ami Jef,

Nous te depannerions avec grand plaisir. Le seul ennui est que nous sommes à présent à Curaçao et comme l'eau du trou à cyclone de Spanish Water n'est pas aussi bleue que voulue...Nous nous sommes rabattus sur la liqueur locale qui elle a la bonne teinte azur. Nous allons donc demander une livraison à ton attention chez ton pote baraqué avant que son copain trumpetiste s'installe. Par contre prévoir des Guilders pour les frais de douane... Et oui c'est la nouvelle monnaie pour nous en ce moment ;-)
Et dire que certains pensent que l'on a une vie facile !!!
À bientôt cher ami Jef pour la comparaison de nos sources du bord.
Ti'Amaraa le balourd attend son amie l'intrépide AquaVitae