6 mai 2019

Carnet d'escale à Ahé




Dimanche matin 5h30, nous sommes arrivés la veille de 4 jours de navigation depuis les Marquises. Nous dormons du sommeil du juste itinérant qui n'a plus de quarts à faire lorsque des puissants coups de corne de brume nous font littéralement bondir du lit.
Un bateau ravitailleur, poétiquement appelé goélette en souvenir de celles qui faisaient le job dans les années 50/60, est en approche du village et le fait savoir. 
Nous savons que nous sommes mouillés suffisamment loin du quai pour ne pas gêner mais les paupières refusent de se refermer, certainement influencées par la curiosité de découvrir cette nouvelle escale. Debouuuut.
Nous dégustons nos tartines avec le déchargement des bidons de carburant pour spectacle. Glamour 😉


Pour sûr, vous ne vous attendiez pas à un tel démarrage pour vous conter Ahé, le fameux atoll où Bernard Moitessier a élu domicile dans les années 70.
Et pourtant, c'est ça aussi la vie dans un atoll polynésien.
C'est aussi la passe d'entrée et ses humeurs qu'il faut apprendre à domestiquer atoll par atoll. Parce que bien sûr, la règle ne s'applique pas forcément partout de la même manière. Nous en sommes à notre 7ème atoll des Tuamotus. Jamais nous n'aurons la prétention de dire que l'on a tout compris... Surtout lorsque justement il n'y a souvent rien à comprendre.

Anecdotes mises à part, si vous aimez le bleu et les lagons paisibles  c'est bien dans les Tuamotus qu'il faut venir regarder le temps passer au gré des nuances d'azur offertes par un environnement en perpétuelle colorisation.

Pourquoi Ahé ?
L'aura de Bernard Moitessier a titillé notre curiosité. Où est donc ce motu où il vécut en autonomie pendant 3 ans ?
Poro Poro, doux nom pour l'îlot refuge de cette famille.
Ti'Amaraa est mouillé pile en face 



« Un atoll, on aime jusqu’au fond des tripes, ou bien on n’aime pas»
C’est ainsi que Moitessier décrit sa vie à Ahe.

On comprend qu'il ait choisi cette endroit avec son regard de navigateur. En effet, le mouillage où nous sommes est un véritable trou de souris protégé par les motus et leurs coiffes de cocotiers. Nous ne sommes d'ailleurs pas là non plus par hasard. Un coup de vent de sud-est à 30/35 nds étant annoncé à notre arrivée, il nous fallait THE recoin tranquille.
C'est la bonne adresse.
Nous étalerons ce saut d'humeur d'Eole sans l'ombre d'un début d'un clapot. 

À terre, le village aux allures de cartes postales est coquet et d'une propreté irréprochable.


L'accueil des paumotus est souriant mais nettement moins curieux que dans les îles isolées des Marquises.
À Ahé, le tourisme drainé par l'aéroport, les fermes perlières, les voiliers attirés par le mythe Moitessier, font défiler du monde dans les ruelles baignées de soleil. Il est normal que les habitants ne se ruent pas sur chaque nouveau visage.
Se balader sur les traces du navigateur émérite est troublant bien qu'il ne reste plus grand chose de son passage.
Pour celui qui a lu ses œuvres, on reconnaîtra le hao (fausse passe) qu'il traversait à pieds pour rejoindre le village ou encore les aitos (arbre de fer) qu'il a fait venir par la goélette, pour planter une barrière anti-vent.
Disparue sa maison de bois et de tresse, le potager, l'installation de recyclage de ses déchets, les chats. Quarante années ont passé depuis son départ. La vie et l'expansion économique ont fait leurs œuvres.
Aujourd'hui, le motu est privé. Une grande maison en dur a été construite ainsi qu'une ferme perlière sans activité voire à l'abandon... No comment. 

N'allez pas croire que l'escale n'est pas agréable. Nous ne nous lasserons jamais de partager chaque jour une telle piscine préservée avec requins, coraux et autres poissons arc-en-ciel. 

Après les baies montagneuses et verdoyantes des Marquises, les atolls des Tuamotus sont vraiment l'archétype des lagons turquoises et belles plages de sable blanc. Tout le charme de la Polynésie française réside justement dans la variété des paysages, des arts de vivre et des activités locales. 

Côté pratique, on trouve au village deux supérettes, un coin poubelles et une mairie avec des employés charmants qui confient aux bateaux de passage le mot de passe du WiFi ''en cas de besoin''. 

Nous retiendrons aussi de cette semaine une ambiance conviviale et solidaire au mouillage. Nous ne nous connaissions pas. Il aura suffit de quelques jours, quelques rafales et un peu de pluie pour tisser des liens intercoques. 
Merci Tangara pour les savoureux chaussons aux bananes de Tahuata livrés à bord par une après midi grise. Comme dirait Manoa : Encore 😉
Merci Vahini pour votre expérience partagée. Plus de 20 ans sur l'eau !!! Respect

La météo perturbée et notre timing serré ne nous ont pas permis de découvrir les autres motus comme nous l'aurions voulu. 
Encore une destination à remettre dans notre liste des ''à refaire''.

À présent vent et houle sont apaisés, cap sur l'un des plus grand atoll des Tuamotus, Rangiroa. 


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