14 août 2015

To be or not to be in Trinidad ?

That's the question ? Et nous nous la sommes posés un certain temps.
Qu'allions nous faire pendant la période cyclonique ? Que faire pendant les 4 à 6 mois "critiques"?

Où aller ?

Une chose était acquise : s' évader vers le sud pour ne pas courir le risque d'une mauvaise rencontre avec un Éole enragé.  Déjà notre assurance nous impose une zone géographique et une période dites d'exclusion.  Cependant, c'est le traumatisme que nous fuyons. Le vent et la mer sont nos partenaires, nos éléments "vitaux". Nous ne souhaitons pas qu'ils nous effrayent un jour.

Plusieurs options de refuge s' offrent aux plaisanciers.



Dans la partie sud, Grenade nous a paru encore trop risqué. Lorsque l'on voit les stigmates laissés par les cyclones Ivan et Emily, on ne peut imaginer ce que cela pourrait donner sur un bateau au mouillage ou même à sec. Les chantiers nautiques sont en effet bondés de bateaux laissés à terre pour quelques mois par leurs propriétaires. Le concept d'optimisation de l'espace a dû être inventé ici. Cela ressemble à un jeu de domino version XXL. Quel malheur si un jour Grenade est à nouveau touché. 

Autre option : Le Venezuela. On a tous beaucoup lu et entendu sur les dangers de ses côtes. Nous n'avons pas tenté le diable. De plus,  la version la plus "safe" consisterait à s' enfermer dans la marina bunkerisée de Puerto La Cruz. Ce n'est pas du tout le concept recherché. Quant aux îles vénézueliennes, certaines sont sures mais pour le moment trop à l'ouest pour un retour tranquille dans l'arc antillais cet "hiver". Plus tard ...

Sur ces données d'entrée,  nous avons donc tenté l'expérience Trinidad... et nous ne le regrettons pas. Nous entamons notre 3ème mois sur place avec le sentiment d'être arrivés hier.
Les conditions météo et de navigation sont très stables...enfin de balades sur un lac au moteur...navigation étant un grand mot si l'on parle des changements de mouillages dans les îles Bocas autour de la base arrière Chaguaramas. 

Pélicans d'entrée de port babord 

"Chagua" c'est le centre névralgique des plaisanciers en escale technique ou juste en réfugiés cycloniques.  On y trouve presque tout pour le bateau : grutage, zones de stockage à terre, shipshandlers et une petite marina. De même, superettes, vendeurs ambulants ... offrent la plupart des articles de base nécessaires à nos avitaillements. L'eau y est gratuite et à disposition.

Chaguaramas

Ensuite, les bus publics ou les taxis collectifs au départ de Chagua nous menent en moins d'une heure pour quelques centimes d'euros dans les grands centres commerciaux ou au marché de Port of Spain.

Port of Spain

Ah la capitale de Trinidad !! Une belle surprise pour nous. Vous voyez les descriptions faites lors de précédents articles des petites capitales antillaises créoles, et bien oubliez. Port of Spain est une très grande ville très cosmopolite : hindous,  pakistanais,  créoles,  sud americains, africains, rastas, afrikaners, chinois...  Toutes les cultures et les religions se côtoient et semblent être en totale harmonie.  Il est intéressant de remarquer que les jours fériés nationaux prennent en compte les principales fêtes religieuses de chaque communauté. Un bel exemple...

Église anglicane

Quant à l'architecture,  c'est bluffant. Dans ce domaine aussi la mixité est au rdv. Les gratte-ciels sont voisins des vieilles cases typées créoles.  Les sièges des grandes banques caribéennes sont entourés de "paillotes" du marché permanent à ciel ouvert.

Cours d'architecture en direct live

Des couleurs encore et encore

L'immeuble est moderne
Le cablage électrique moins

Les balades dans le dédale des rues quadrillées et les petits jardins nous rappellent New York. Qui aurait cru ? 


Enfin en version musique rasta et étalages de noix de coco, bananes ... et autres fruits tropicaux.

La plupart à moins de 1€ le kg

Nous avons beaucoup aimé chaque visite. Peu de touristes semblent s' aventurer dans cette grande ville. Mauvaise réputation dans les guides paraît-il ? Bien sûr, nous ne trainerions pas dans certains quartiers entre minuit et 2h du mat. Mais pas plus que dans certains recoins de grandes villes de Métropole.

En arrivant à Trinidad,  il faut aussi anticiper la composante majeure de cette île : La Musique !! Elle est partout ... nuit et jour dans certains coins. On apprend vite les zones et périodes à éviter pour le bien être de ses tympans. (Voir article : Scotland Bay Enfer et Paradis).
Séjourner à Chaguaramas est vite pénible.  Les aller/retours incessants et sonorisés des water taxis, des locaux et des bateaux boite de nuit, associés à la saleté de l'eau rendent le mouillage très inconfortable.
Souvent pour les avitaillements, nous laissons Ti'Amaraa au mouillage calme (en semaine) de Scotland Bay et filons en annexe (4nm) faire nos emplettes "à la ville".

Les îles des Bocas sur la côte nord ouest offrent quelques mouillages.  Leurs côtes sont bordées à la fois de belles résidences secondaires de Trini fortunés mais aussi de vieilles cases marquées par le temps.

A vendre ... Quelques travaux à prévoir

Jolies façades

C'est une maison bleue ...
Au bout leur monde
Avec darse privée devant la maison pour amarrer le Power Boat 


Peu importe riches ou pauvres, en maison cossue, en cabane défraîchie en bivouac sur la plage,  ces îles sont the place to be pour les vacances et les week-ends.  Ici aussi tout le monde a le sourire et nous salue avec de grands gestes amicaux lorsque l'on passe en annexe ou avec Ti'Amaraa. 

C'est sur l'île de Chacachacare que nous avons trouvé notre bonheur. Quelle escale ! Nous avons déjà consacré un post sur ce mouillage. (Voir Chaca Chaca quoi ?)



Comment décrire ce Jardin d'Eden où dauphins et tortues musardent paisiblement dans la baie survolés par des colonies d'oiseaux et de papillons colorant un panorama resplendissant de chlorophylle ?
À terre, Dame nature nous offre avocats, mangues, bananes plantain ... Sur l'eau, le moindre hameçon immergé des jupes récolte carangues et pagres par dizaines.
Sous l'eau, c'est un festival : muraines, chirurgiens,  perroquets, poissons anges géants...

Un régal !

Et comble de la béatitude, 5 jours sur 7 nous ne sommes qu'une poignée de bateaux dans cette grande baie ... voire uniquement Ti'Amaraa et des bateaux copains.
Le week-end quelques familles locales viennent passer la journée en bateaux moteur. Il y a certes un peu plus de monde mais tout reste très bon enfant.

Le soir venu, nous récupérons "notre" Chaca avec nos poissons,  nos papillons, nos tortues, nos iguanes, nos aigles et nos préférés les Kiskadee (appelés initialement d'un commun accord les Kikouka, nom phonétique trouvé à l'écoute de leur joli chant).

L'artiste du mois


Chaque matin, l'émerveillement recommence.
Fermez les yeux ... Imaginez ...
...
L'anse est paisible. Le plan d'eau scintille tel un miroir autour du bateau. Vous vous réveillez doucement bercés par le bruit du petit clapotis sur la côte. Les premiers rayons du soleil flirtent à travers la forêt verdoyante à grand renfort de dégradés d'orangé. Les oiseaux tropicaux vous offrent la symphonie de leurs chants en canon pendant que la famille tortue reprend des bols d'air reguliers entre deux plongeons/p'tit dej.
... Vous y êtes ? ...
Un petit matin du Monde sur l'eau.




Avec une bonne confiture de figues ariégeoise
Merci Françoise & Patrice

C'est dans ce décor sous un soleil de plomb que s' achève la première moitié de la saison cyclonique.  Une chose est certaine, nous ne sommes pas punis ici et ne regrettons pas notre choix.
Seule l'eau bleue commence à nous manquer. Les eaux vertes du golfe de Paria (mer intérieure entre le Venezuela et Trinidad) limitent nos envies de snorkelling et de chasse sous marine. Qu'à cela ne tienne,  Tobago et ses eaux limpides nous attendent pour la seconde moitié.

Mais avant, une petite découverte de l'intérieur de Trinidad s' impose. À nous la location de voiture avec volant à droite et conduite à gauche ... Ça promet. Fin août aussi,  un groupe de charmants "Trinis" rencontrés au mouillage de Chaca nous propose de nous faire faire leur "sightseeing"... Vu les lurons, ça ne devrait pas être triste.
Promis, on vous racontera Trinidad, côté terre.

Poissons et langoustes de Tobago vous avez encore un peu de répit mais attention Ti'Amaraa ne va pas tarder à pointer le bout de ses coques.

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