7 avril 2015

Homo-Navigatus Innocentus Maximus

A force de faire des articles où l'on raconte que c'est beau, qu'il fait beau et patati et patata, vous allez avoir l'impression que l'on vit chez les Bisounours.
Détrompez vous !! Les bateaux croisés ne sont pas tous des équipages souriants et sympathiques....loin s' en faut.
Les incivilités existent aussi sur l'eau.
Et puisque personne n'en parle, nous avons lancé une étude sociologique de cette espèce malheureusement PAS en voie de disparition: l'Homo-navigatus Innocentus Maximus.



Cas N°1 : Les "Jo la science" (vécu à Bequia)
Jo déboule à la tombée de la nuit avec son bateau flambant neuf...de loc. Il manque de poser son ancre dans notre annexe tellement il est prêt alors que la baie est déserte.  Soit... L'instinct grégaire,  paraît-il.
Tout en expliquant à ses colocs à très haute voix la théorie quantique d'un bon mouillage, il pose une petite dizaine de mètres de chaîne sur un fond de 6m et tous à la plage à la nage ... Jo expliquant encore et toujours ses aventures de plongeurs extrêmes.  (Ben oui ils sont tellement proches que l'on entend tout).
Le pôvre bateau abandonné tirant désespérément sur son mini bout de chaîne décide alors de partir faire un tour seul à l'approche d'un grain. Alerte Généraaaaale !!! Jo et ses potes se lancent dans une épreuve de crawl olympique voire de brasse semicoulée pour certains afin de récupérer leur caution.
Ouf ! Pas de casse.  La baie étant effectivement vide, pas de collision ni avec un autre bateau ni avec les récifs, ils arrivent à remonter à bord, à redémarrer.....et là,  on vous le donne en mille. Keskifé Jojo ??? Et bien, il revient et nous met l'ancre au ras de la jupe tribord en expliquant encore et toujours qu'en fonction de l'angle du vent, de l'âge du capitaine, et avec 15m de chaîne : "Là c'est bon".
Des Jojo sur bateau de loc aux manoeuvres hasardeuses, on en croise beaucoup,  beaucoup trop. Des bateaux copains ont eu moins de chance que nous et on eu droit aux collisions de mouillage.  On croise les doigts, on essaye au maxi de se tenir loin des zones d'affluence des JoJo et on s' est fait retirer le système nerveux au cas où...Zen....

Cas N°2 : Les "Max Adonf" (croisés partout)
En bateau, en annexe, en jet ski,  le Max ne connaît qu'une allure à fond et qu'une route la ligne droite.
Mathématiquement, ils sont dans le vrai. C'est bien la façon la plus courte pour aller du point A au dit point B. Sauf qu'en pratique,  cela se rapproche plus du comportement du gros lourd.
Il y a celui qui vous frôle pendant votre baignade matinale péloche au pied de vos jupes.  Celui qui veut la "meilleure" place au mouillage quitte à zigzager entre les bateaux en place à grand renfort de vagues.
Sans oublier le Max qui va littéralement se jeter sur le ponton dinghy pour avoir la place au risque de voir Madame, les sacs et le chien passés par dessus bord dans la manoeuvre.
Bref des Max Adonf on en voit plein....comme vous sur les routes d'ailleurs. Comme quoi rien ne change...

Cas N°3 :  Les pire de tous : Les "Con-ar les barbares"
Le Graal,  le pompon reste pour nous cet équipage en catamaran un matin au mouillage du Marin.  Plus forts que les autres, ils decident de faire simple pour quitter la baie du Marin : tout droit...la fameuse ligne droite comme son pote Max Adonf. Sauf que l'anse du Marin est réputée pour ses hauts fonds plus ou moins bien signalés.
Ce qui devait arriver arriva...et un cata sur la caille planté , un ! L'équipage semble plus surpris qu'inquiet et surtout totalement dépassé par les événements.  Les 3 capitaines des bateaux les plus proches sautent dans leurs annexes et filent au secours de Con-Ar. A force de pousser avec les dinghy moteurs à fond sur le bord des coques, après une bonne heure d'efforts, ils arrivent à libérer le multicoque de son entrave rocheuse. Et c'est là que l'art de Con-Ar opère.... A peine libéré,  il met ses 2 moteurs à fond et fonce vers le chenal en manquant au passage d'écraser un de ses sauveurs en annexe qui était justement entrain de finir de le pousser sous le cata.  Ce bon samaritain ne doit son salut qu'à un coup de gaz de génie aussi brutal que nécessaire pour s'extraire avant d'être assommé par la nacelle. Les 3 capitaines sur leurs annexes en sont pour une bonne frayeur. Pendant ce temps,  Con-Ar trace sa route vers le chenal (cette fois) sans même se retourner, sans même un geste de remerciement et sans même se poser 30 secondes et vérifier l'état de ses coques.
Mais non, un barbare n'a peur de rien. Cap au large ! Et tant que l'on y est,  puisqu'on maîtrise comme une bête on sort les voiles dans le chenal et on fait une sortie sous voiles histoire de gonfler tous ceux qui manoeuvrent. Un vrai Con-Ar !!! Spectateurs et acteurs du sketch restent éberlués.



Dans la même catégorie,  une petite dernière toute fraîche vécue hier soir.
Histoire courte :
Une plage, un resto,  des annexes beachées.
L'une d'elle glisse dangereusement vers le large
Mais où sont les proprios ?
On ne tient plus.
On bondit de notre table. On court à la flotte. On récupère l'annexe in extremis. On la retire sur la plage. On est trempés jusqu'aux os.
Quand tout est fini, les "proprios"(enfin...les locataires du bateau) daignent laisser leurs assiettes et viennent nous rejoindre sur la plage. Ah parcequ'ils étaient là !!! C'est la table d'à côté ?!?!
Au sûr,  ils n'auront pas salé leurs bô zhabits !!!
A peine un merci, limite on se demande si ce n'est pas notre faute si leur annexe a rippé...On rêve !!! Keep cool...Vous voyez, l'opération du retrait du système nerveux a bien marché. Hiha !!!

C'est malheureusement à cause de spécimens de ces espèces que la solidarité entre marins risque de décliner un jour. On regardera passer des annexes au large, on n'assistera plus des plaisanciers en difficulté....

N'allez tout de même pas croire que c'est une généralité.  Nous croisons aussi régulièrement des Homo-Navigatus très courtois de toutes nationalités.... avec un petit bémol pour le français qui est facilement reconnaissable : il râle ... très fort. Pas besoin d'être sur son bateau pour entendre l'enguelade conjugale, l'explication musclée entre équipiers ou le vainqueur : le marin en solidaire qui râle tout seul sur tout, tout le temps.

Vous l'aurez compris,  c'est du vécu.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et j'ai un peu les mêmes sur la pistes.... comme quoi : où qu'on soit - même combat !