19 septembre 2015

Renouvellement de visas : mode d'emploi

Le sujet a déjà été évoqué en juin dernier lorsque nous sommes arrivés à Trinidad :
http://tiamaraa.blogspot.fr/2015/06/sur-la-route-de-grenade-trinidad.html?m=1

Cependant,  nous avons tellement croisés de bateaux en galère administrative et entendu tout et son contraire sur les clearances locales que nous avons décidé de vous faire partager notre expérience dans la réalité des faits.

Sinon l'immigration c'est par où ? :))

Pour commencer,  il faut bien prendre en compte que le dresscode est important.  Il s' agit d'officiels au bord de l'eau sous les tropiques soit, mais des officiels avant tout.
Nous avons vu, lors de nos escales, des plaisanciers débouler dans les bureaux d'immigration et de douanes comme s'ils entraient dans le premier bar wifi du coin : débraillés , lunettes de soleil vissées sur le nez, chapeau en paille et le pompon ... pieds nus !!
Vous iriez dans un commissariat ou autres institutions dans cet accoutrement ?
Ce qui devait arriver arriva.  Il y a, à présent à Trinidad,  un dresscode des plus précis pour se présenter aux formalités. Forcément lorsque des âmes austères s' occupent de se genre de sujet on tombe vite dans l'excès et la stupidité.

Affichage à l'entrée du bureau d'immigration à Chaguaramas

Tenez : Hommes,  femmes, enfants, aucun vêtement avec motif camouflage n'est accepté.  Même sur un body rose pour votre jolie baby girl, c'est la porte assurée !
De même, les débardeurs sont formellement interdits.
Manches obligatoires pour tout le monde. Nous avons vu des équipages prêter des gilets et Tshirts à d' autres perdus mis dehors par l'officier révolté(e). 
C'est ainsi. C'est la règle. Nous sommes les voyageurs nous devons la respecter et avec le sourire.
Sacré sourire qui manque probablement à certains qui s' étonnent ensuite que leurs formalités soient compliquées...

Autre point très important,  si vous êtes candidat au voyage, bossez votre anglais. Rien n'exaspère plus un douanier que le frenchie qui ne capte rien et lui fait répéter sans fin.

Ceci dit tout n'est pas de la faute du manque de tact du plaisancier, il existe aussi l'officier désagréable,  borné qui ne fait aucun effort pour rendre compréhensible son anglais  à l'accent local prononcé. Il est certain que dans de tels cas,  il ne doit pas être facile de garder le sourire.
Difficile de détendre l'ame austère. 
Des bateaux copains ont eu à faire à cette catégorie de zélés de la procédure. Nous croisons les doigts pour le moment nous sommes toujours tombés sur des agents plus ou moins sympathiques.

Bien sûr il ne faut pas s' attendre aux colliers de fleurs tahitiens à votre arrivée dans un pays mais avec un minimum de respect mutuel cela s'est passé pour nous plutôt pas mal.

Revenons à Trinidad :
Cela fait déjà trois mois que nous sommes ici à profiter des mouillages, de l'île, de ses habitants, à entretenir le bateau ... et surtout à l'abri des dépressions tropicales et cyclones.

Erika : Nombreuses victimes et gros dégâts à la Dominique

Nous voilà donc à la fin de notre visa touristique. Nous nous sommes donc lancés dans la procédure de demande de renouvellement ou plutot extension tel est le terme ici.
Une semaine avant l'échéance,  nous nous sommes présentés au bureau d'immigration. Après un échange cordial un RDV nous est fixé à chacun (l'un à 11h, l'autre à 11h30) sous 10 jours.
"Oui mais dans 10 jours. Notre visa sera expiré ?
No soucyyy. Le document jaune de confirmation de RDV remis fait foi en cas de contrôle.
Un peu paranos peut être ... mais du fait du voisin vénézuélien,  les contrôles aux mouillages sont relativement fréquents : 2 fois pour nous. Au vu des armes du bord et de la stature des gaillards, on vous garantit que l'on préfère être en règle.


Nous voici donc dix jours plus tard endimanchés avec une grosse demi heure d'avance afin de mettre tous les atouts dans nos polos à manches.
On crève de chaud dans l'annexe mais on se dit qu'avec la clim en mode freezer on sera contents d'être emballés. 
L'agent nous avait dit de venir avec le dossier justificatif de la demande d'extension.  Nous avions tout préparé. L'historique de nos 3 mois sur place avec l'attestation de grutage de juin, la copie des différentes factures d'achat dans les shipshandlers,  les reçus de paiement de bouée... Bref, un dossier minutieux expliquant que l'on avait eu BEAUCOUP de travail sur Ti'Amaraa que ce ne serait fini QUE fin septembre. Enfin souhaitant visiter Tobago en octobre, la prolongation nous semblait évidente. 
D'autant plus que notre copain Trini, avocat de métier,  nous avait glissé LA formule de politesse pour toute fin de lettre pour les administrations ici : "Yours respectfully".

Le mot de passe, le pantacourt noir, la chemise, les sourires, nous étions prêts.
L'officier d'immigration, bien que cordial, a mis près d'une heure à étudier nos dossiers et a fini par nous demander en quoi les fameuses réparations de fin septembre devaient avoir lieu à Trinidad...Pourquoi ne pouvions nous pas partir ?
Ouchhhh ...
C'est là que l'on a un peu menti...
"En fait,  le problème est que ... euh ... alors ... "
Faut trouver un truc c'est pas du tout gagné la prolongation !
"Alors ... en fait ... on a une voie d'eau et une pompe de cale en panne...
...voui voui Môsieur notre Ti'Amaraa sombre normalement.  
Vous comprendrez bien que l'on ne peut prendre la mer dans cet état"
"Humm Humm ... Allez vous rasseoir"
(Mensonge basé tout de meme sur une mini part de vérité puisque nous avons dû changer en août un switch de pompe de cale ...ok c'est tiré par les cils. On fait ce qu'on peut).
Les minutes se faisaient alors de plus en plus longues et les gouttes de sueur perlées glacées sur notre front.
"Tant pis pas de Tobago. 
Zut on n'a pas dit au revoir aux copains. On va aller se mettre à l'abri à Grenade"
Et puis, nous avons eu LA révélation.
Alleluya !
Un rayon lumineux éclaira notre esprit assombri par le mensonge et la culpabilité. Un americain habillé avec l'élégance qui correspond à certains : short rayé vert et Tshirt à motifs bleus (Moins coordonné tu meurs) brandissait le Graal.  
Et dire que nous, nous avons fait tout ses efforts vestimentaires !
Mal habillé peut être ... mais pas bête. 
Ce brave homme arrivé comme nous en juin, a attendu le dernier moment pour gruter son bateau.  Résultat : pas de dossier alambiqué,  pas de formule de politesse.  Juste un courrier du chantier confirmant qu'il était à terre pour travaux.
Bing !!! Trop forts ces ricains !
Là,  les irréductibles gaulois en ont pris un pet sur le casque...(ça fait 2 en 2 jours pour ceux qui ont lu l'article précèdent)
Par Toutatis, c'est ça le truc lorsque l'on reste à bord !
On aurait dû faire à l'envers et gruter au dernier moment !!! Cela nous laissait le temps de naviguer, de profiter, de laisser passer la mauvaise saison sans nous transformer en frenchies resquilleurs. 
Au sûr,  c'est dans le disque dur pour une éventuelle prochaine fois (comme Panama peut être ...)

Bon et notre prolongation,  alors ?
Après un temps certain, la main de l'officier s' est agitée au dessus du comptoir en nous demandant de nous rapprocher.
Nous nous sommes exécutés sans savoir à quelle sauce il allait nous manger.
(Oulala c'est pas beau de mentir)
Est-ce le Dresscode à la française, le petit chignon ajusté de la Cap, la chemise classe style Yachting club du Cap ou le "Yours respectfully" power ?
Quelques minutes plus tard,  nous étions en possession, pour 15€ par personne, de nos passeports revalidés pour 3 mois.


YES !!!
À nous, encore quelques virées avec les copains Trini,
À nous, les eaux bleues et limpides de Tobago dans quelques jours,
Tout ça vaut bien un ti mensonge ...

Épilogue :
Ti'Amaraa va bien ... et ne va pas couler va :))

PS de l'épilogue :
La Cap a interdit formellement au Cap le dresscode américain. Visas ou pas !
Et même s' il crève de chaud dans l'annexe !

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