1 février 2019

Grandeur Nature


Ceux sont les 2 mots qui sont venus au Capitaine lors d'un de nos '' briefing rédaction'' pour résumer Fatu Hiva.
Il est 6h, les yeux encore plein du sommeil profond bercé par l'océan. Les effluves de terre et de végétal humides arrivent jusqu'à notre cockpit. Notre petit déjeuner est agrémenté de fruits locaux aussi bons qu'énormes.Mangues, bananes, pamplemousses, papayes...
Comme nous, le petit village d'Hanavave se réveille.
Des quelques balades dans les ruelles, nous avons essayé de retenir les prénoms des enfants souriants, les liens de parenté entre les adultes. Plus qu'un village, c'est une belle communauté. Bien sûr, les querelles de clochers existent, même s'il n'y a que deux villages habités. Ne perdons pas de vue, que nous sommes sur l'une des îles habitées au monde la plus isolée de tout continent. Le célèbre "bout du monde", c'est ici.
Pour corser le tout, Fatu Hiva est aussi la plus isolée de l'archipel des Marquises. Loin de tout, loin de tous.
Alors, on se débrouille...
La vie y est comme ralentie. À écouter la population, on comprend que tout peut vite se compliquer lorsque l'on est à presque 4h de bateau du premier pseudo hôpital ou d'un aéroport (Hiva Oa). Jacques Brel avait été visionnaire avec son projet de compagnie aérienne Air Marquises qui devait faire le trait d'union aérien de ces populations. Malheureusement, 40 ans après sa disparition rien n'a vraiment changé. Les marquisiens, qu'il defendait tant, sont toujours un peu les oubliés de la Polynésie. Mais n'est ce pas in fine ce qui fait leur force et permet la préservation de leur culture ? La civilisation maohi de la voisine Hawaii n'a t'elle pas disparu croquée à la sauce américaine ?

Malgré cet isolement et quelquefois cette sensation d'être aux antipodes de la grande et riche Tahiti, la vie coule paisiblement. On prépare les tapas, on sculpte les bois sacrés, on entretient les bananeraies, on récolte le coprah, on vie simplement au rythme des levers et coucher de soleil majestueux.

Lorsqu'un voilier passe, les bonjours et sourires curieux spontanés laissent rapidement place à la proposition de troc. Une vraie première depuis notre départ France.
Leurs quêtes : tout ce qui leur manque, matériel de pêche, bouts, casquettes, lunettes, tongs, maquillage, parfums....
Nous sommes heureux d'échanger avec eux. Nous nous délestons de matériel tout en voyant briller les yeux des petits et des grands.
Quelles sont loin ces civilisations modernes et moralisatrices qui connaissent le prix de tout mais pas la valeur de grand chose.
Ces populations ne sont elles pas authentiques justement grâce à cet isolement du reste du monde ?

Chaque fois, nous repartons le cœur rempli et les bras chargés de régimes de bananes et autres vitamines.
D'ailleurs aux Marquises, on a compris pourquoi ça s'appelait un régime de banane... On devrait même dire un régime banane matin midi et soir.

Laissons les images parler pour nous...










L'escale à Fatu Hiva marquera à jamais notre catamaran.
Certains se rappellent certainement que des êtres dépourvus d'humanité ont croisé notre route il y a 2 ans en Caraïbe.
Violemment, armés de barres de fer, ils ont meurtri le bois de notre compagnon.
Lentement, précisément, armé de sa gouge, Temo sculptera pour nous sur du Tou (prononcé To'ou) le mana de Ti'Amaraa qui effacera à jamais cette histoire.



Violence vs Humanité
Peace 😍


Nous avions la valeur Liberté chevillée au cœur, dessinée sur nos peaux. À présent, Ti'Amaraa l'a aussi gravé au corps.

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