7 juillet 2015

Scotland Bay : Enfer et Paradis

Imaginez une baie étroite avec les eaux aussi calmes qu'un lac,
Imaginez un décor de forêt tropicale vierge,
Vous êtes avec nous à Scotland Bay.



Si l'on fait abstraction des quelques vestiges de l'ancien bootcamp des militaires américains recouverts de végétation,  on a vraiment l'impression d'être au bout du monde sur une île déserte et sauvage.
Mr Stevenson a dû séjourner ici pour y écrire son fameux roman. Le trésor serait-il à Scotland Bay ? Sir Stevenson étant écossais,  tenons nous une piste ??
En fins limiers, nous avons cherché et il ne nous a pas fallu longtemps pour trouver la richesse, le trésor de cette baie.
Que ce soit du bateau au mouillage ou lors de balades à terre, la nature bouillonne de couleurs.
Des fleurs tout d'abord par centaines de toutes formes et de toutes couleurs : des orchidées,  des heliconias...
Qui dit fleurs dit papillons.  C'est la première escale où nous en voyons autant et une telle variété de forme et de taille, de vrais arc en ciel volants.  Notre préféré l'Empereur ou Morpho bleu, un des emblèmes de Trinidad. Malheureusement trop farouche pour se laisser photographier nous ne pouvons partager ces rencontres avec ce papillon géant bleu turquoise.


Les oiseaux ne sont pas en restent point de vue diversité et camaïeux de jaunes, bleus, verts... Eux aussi jouent les divas. "Observez moi à loisirs mais vous ne pourrez ni m'approcher ni me photographier".
Un vrai décor originel.  On a l'impression que l'on va y croiser Adam et Eve autour de leur pomme.
A défaut de créature biblique, nous avons eu le privilège d'entendre les célèbres singes hurleurs.
Jusqu'à ce matin de juillet, on en était à se demander si ce n'était pas une légende ou au mieux une espèce unique à voir dans les parcs et autres zoos des environs.
Nous n'oublierons jamais ces cris rauques émanant de la forêt à quelques mètres de Ti'Amaraa au petit matin. Difficile de décrire ce râle entre rugissement et brame.
Au travers de cette végétation,  nos imaginaires stéréotypés ciné s' attendent à voir sortir un Godzilla ou un acolyte de Jurassic Park. Observer un groupe d'une petite dizaine de primates dans leur milieu naturel en direct des jupes de notre bateau restera un moment inoubliable. Juste magique ! Encore un bonheur simple offert par Dame Nature. Merci pour le cadeau.




Côté Mer on est un peu moins à la fête.  En effet, nous sommes dans un bassin tropical en saison des pluies, l'eau est verdâtre et est chargée de sédiments. Il y a bien quelques tortues et des bancs par centaines d'alevins attaqués tous les soirs par des sabres agressifs mais ce n'est pas ce qui fait le plus le charme de ce mouillage.

Il y a aussi une autre raison qui fait que l'escale est peu propice à la baignade : les déchets.  Malheureusement, le lobby écologique n'est pas arrivé jusqu'à Trinidad. Ici on consomme d'un bateau,  on pique-nique sur une plage et tous les dechets sont laissés là ou jetés à la mer.  Suivant les effets de marée,  il nous est arrivé de voir dériver dans la baie des canettes,  des bouteilles plastiques ... et on ne vous parle pas de certaines plages...


Si on a décrit jusqu'ici le paradis, il n'existe en fait que 5 jours sur 7. Non pas que cette belle nature parte en week-end,  c'est juste l'homme (avec un très petit h) qui l'est lui en repos.
Et justement fini le repos.
Nos bateaux à l'ancre deviennent les bouées de régate de jet skis sur-vitaminés.
La jeunesse dorée "trini" débarque à grand renfort de vedettes puissantes où la consommation de carburant et voisine de celle de boissons du bord. Ça rigole, ça se baigne. Ils sont plutôt marrants à regarder ... faute d'oiseaux.
Mais ces journées là virent à l'enfer lorsque les bateaux "boite de nuit" viennent mouiller l'après midi. Pas un mais 3 se disputent le marché.  Musique à fond, Bière à gogo.  C'est la guerre , leurs armes : des milliers de watts et des heures d'hurlements. Une cacophonie qui vire à l'insupportable quand il est temps pour nous de nous coucher. Et ça dure, ça dure ... Boule Quies obligatoires jusqu'à 4 heures du mat.



Vous en conviendrez il y a bien 2 mondes dans cette baie.
Enfer et Paradis. Tout vaut le coup d'être vécu au moins une fois.
Pour nous la décision est prise on va rester une semaine de plus ... enfin jusqu'à vendredi car le week-end prochain on va aller tester un mouillage plus éloigné de la "ville ".

L'Enfer serait-il une pure création de l'homme ?
Sans lui, c'est juste le Paradis.



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