8 décembre 2019

Sentiments océaniques

De retour aux Marquises pour notre plus grand bonheur.

L'année dernière, nous étions arrivés plein d'incertitudes et de méfiance. Radio ponton ayant comme à son habitude transformé la réalité en nous promettant des mouillages rouleurs et invivables sans oublier des descentes à terre houleuses et périlleuses.

Alors certes, la vie nautique aux Marquises est différente de celle aux Tuamotu par exemple mais elle n'en est pas moins riche.

Lors de notre dernier passage, nous devions d'ailleurs rester quelques semaines... Et au final, nous sommes partis, le cœur lourd, après 4 mois !!

Alors cette année, on a anticipé. Nous sommes arrivés un mois plus tôt. Quand repartirons nous ???
Pour le moment, il n'est d'ailleurs nullement question de parler de la date du départ tant nous profitons du plaisir des retrouvailles.

Retrouver notre route.
Cette traversée depuis Raroia, Tuamotu. Quatre jours de près. Nous nous étions mieux préparés. Eole a été un peu plus de la partie, la fée des grains en RTT. Un combiné qui nous a permis de passer dans des conditions plus ''confortables'' que l'année dernière. 👍

Retrouver l'énergie de cette terre.
Les lignes de crêtes que l'on devine à l'horizon, le vert luxuriant des vallées, les odeurs de fleurs et de terre. Le comité d'accueil du Fenua Enata n'a d'égal que le bonheur que l'on prend à sa contemplation.
Toute l'énergie remonte par capillarité dès que l'on reprend contact avec le sol.
Après ces jours d'univers mouvant, nous ressentons encore plus toute la force et la stabilité de cette terre.
Ce n'est pas par hasard si nous avons atterri sur l'île de Tahuata. Notre repère préféré. Un concentré d'authenticité, de liberté, de belles âmes et de beauté naturelle.

Retrouver l'essentiel
Comme ils sont loin les politiques zélés de Papeete, Moorea ou Bora qui se plaisent à créer des réglementations à grands coups d'interdits pour les voiliers ''migrants''.
Comme elles sont loin ces boutiques et autres étalages remplis de superflus qui vous promettent le bonheur par le consumérisme.
Quel paradoxe de se sentir aussi en symbiose avec les Hommes et la Nature sur des cailloux si loin de tout, perdus en plein Pacifique.

C'est l'un des petits plaisirs égoïstes que l'on peut s'offrir quand on est si isolés du "Monde" sur l'eau ⛵ ou lorsqu'on habite une vallée reculée.
Ne dépendre de rien.
Vivre sans entrave en assumant les risques que l'on prend. C'est cette prise de responsabilité qui rend les hommes libres et profondément vivants.
Être pleinement acteur de sa vie. Sinon, à quoi sert l'existence ?

Retrouver les amis
Comment décrire la joie de retrouver les mêmes visages souriants inchangés.
On reprend l'histoire là où on l'avait mise sur pause en avril dernier.
Le tourbillon Hapatoni (cf article en février) est reparti.
De la sortie des classes, au soin des bœufs et chevaux, en passant par la cueillette des fruits de saison et les baignades sur Ti'Amaraa, ainsi va la vie aux Marquises... Nous allons y rythmer la notre pour quelques mois.

Romain Rolland, un écrivain français de la première moitié du XXe siècle, a trouvé la belle expression de « sentiment océanique » pour décrire ce sentiment d'unité avec l'univers, avec — pour reprendre ses propres termes — « ce qui est plus grand que soi ».
Ce brave homme a certainement dû
venir ici.

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