14 juin 2015

Sur la route de Grenade à Trinidad

Nous avions beaucoup lu sur cette route qui allait nous mener au plus près des côtes vénézueliennes.  Courants, vagues, Go fast et autres trafiquants de poudre, rien n'est épargné dans certains articles aux voyageurs en quête d'informations...
Nous avons appris à nous méfier de "radio ponton". Nous avions aussi des échos très positifs de Trinidad & Tobago. 
Une belle fenêtre météo a fait le reste.

Nous voilà donc lancés à la tombée de la nuit pour une nav de 85 nm qui devrait nous conduire au petit jour devant les côtes de Trinidad. Nous avions prévu 15 à 16 heures de nav. Nous n'en mettrons que 14 par un bon vent de 20/25 nds variant entre 60° et 90°.
Seul un grain est venu mettre un peu d'adrenaline avec des rafales subites à plus de 40 nds en pleine nuit et un run à plus de 9 nds pour notre cata. Heureusement cela n'a pas duré. Nos 6 noeuds de moyenne avec une navigation confortable nous suffisent amplement.



Alors, nos impressions sur cette fameuse route ???

1ère constation :
Beaucoup de bateaux voisins au mouillage à Grenade ont fait la même lecture météo que nous.  On a l'impression de vivre un départ de régate. C'est amusant de voir tous les équipages se préparer entre dernieres courses de frais, débarquement des poubelles ... une vraie vie de village. 

2ème constatation :
Il n'y a pas 50 caps à prendre pour viser l'entrée de la baie de Chaguaramas.  Résultat des courses tous les bateaux se suivent. Notre trace et les échos AIS des voisins sont telle une mère cane avec ses petits.
Seule la comparaison est sympathique.  Sur l'eau, de nuit, c'est une attention permanente. Ça navigue serré !
Et pour couronner le tout pendant un de ses quarts le Cap a eu droit à un bateau sans lumière,  sans AIS ... une ombre noire dans le noir.
Génial !...
A priori, en déboulant sur lui on a reveillé ce capitaine et il a immédiatement allumé ces feux de nav. Quelle inconscience !!
Surtout que nous avons croisé aussi beaucoup de gros, de très gros cargos et supertankers, il n'aime pas la vie ce gars, c'est sûr. Ou peut être avait il trop écouter "radio ponton", craignait de  mauvaises rencontres et voulait passer discrètement ?
Bref...

3ème constatation :
Pas un go fast,  pas un bateau louche, pas de pirates à l'horizon.
A l'inverse, un accueil chaleureux des pêcheurs au petit jour à l'arrivée sur les côtes.
Comme pour St Vincent ou la Dominique,  nous ne pouvons confirmer les mauvaises rumeurs.  Pour nous : RAS




Ah pardon, on oubliait ... nous avons tout de même été pris en escorte par une bande de locaux forts amicaux : un banc de plus de 50 dauphins. En 14 mois de nav, nous n'en avions jamais vu autant.   Des gros, des bébés tous ont joué pendant de longue minutes avec Ti'Amaraa alors que le soleil se levait sur la côte découpée de notre nouvelle escale. On ne s' en lassera jamais ! Merci les loulous !



4ème constatation :
L'entrée dans la passe nommée Boca del Mono à 6 heures du matin est magique. Les oiseaux nichés dans la forêt alentour sifflent à tue tête. Les pélicans piquent devant les étraves pour pêcher leurs petits déjeuners iodés.




Des effluves de fleurs et de végétation tropicales embaument nos narines.
La fatigue de la nuit de quarts s' envole.
Des années que l'on entend parler ou que l'on lit des articles sur "la Mecque des bateaux de voyage", et nous y sommes. Cette entrée restera un moment fort pour nous 2.




Bien sûr le mouillage dans la baie de Chaguaramas est moins glamour. Nous sommes dans une zone technique et c'est le jeu. Ceci dit on a connu bien pire.


Petit conseil : arrivez de bonne heure pour récupérer une bouée (5$ us/nuit). La zone pour mouiller est très réduite, assez profonde et le vent même faible est tourbillonnant. 
Nous sommes donc en place sur bouée pour préparer le bateau en vue du grutage dans quelques jours.  Nous avons eu un RDV avec Don, le responsable de PowerBoats.  Tout semble hyper pro. Il est de plus passionné de catamaran. Il en a construit 3. Il nous a réservé un accueil personnalisé avec entretien dans son bureau pour tout caler. Quel service ! Ti'Amaraa sera le 1er Lagoon 39 gruté dans ce chantier mythique de la Caraïbe !!
Serions nous le premier 39 à tremper nos coques par ici ?

Pour finir dernière information pour les navigateurs qui comptent venir à Trinidad. 
Respectez bien la procédure un peu fastidieuse et longue qu'impose l'immigration et les douanes.
Venez faire les clearances dès votre arrivée et ce avant 16h pour ne pas avoir à payer de frais supplémentaires. 
Prévoyez de quoi vous occuper.  Nous avons passé 2h30 dans les bureaux. Vous vous rappelez des canetons de notre histoire... et bien nous nous sommes tous forcément retrouvés en même temps au même endroit pour la même et seule officier d'immigration.
C'est sympa : il y a des chaises, CNN qui tourne en boucle sur la télé, une clim qui vous congèle sur place. Que du bonheur ;-)
Aussi reperez bien votre "place" dans le tas d'homonavigatus dont la patience diminue proportionnellement aux heures qui s' égrenent... car lorsque l'officiel dit "next" ... c'est un peu la panique... voire le pugilat. 
L'opération se renouvelle aux douanes mais ça passera beaucoup plus vite.
C'est long,  pointilleux,  rébarbatif, pas forcément souriant mais ça ne nous a coûté que 9$ us pour 3 mois de visa.
Si on ne respecte pas les délais,  l'ordre et les heures la facture est plus lourde. Certains bateaux en ont fait les frais.

Allez, on file... on parle, on parle...c'est pas tout ça mais la vie de chantier commence !!
Bye

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