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23 juillet 2014

C’est l’Histoire de notre histoire


Par un après-midi d’été, à peine arrivés de journées de mer et de convoyage depuis La Rochelle, le hasard d’une ballade dans Las Palmas nous a conduits au vieux quartier de Vegueta. Ces rues pavées étroites nous séduisent, nos mini-vélos nous mènent alors vers une jolie place à l’angle de la « casa de Colon ».




Au début, nous ne pensions pas qu’il y ait un lien avec Le Christophe COLOMB et cette rue, cette maison « Colon ». Nous avions tord. Nous avons alors découvert que cette belle bâtisse, ancienne maison du Gouverneur, avait accueilli Sieur Christophe Colomb lors de ses routes vers le nouveau Monde. Elle renferme aujourd’hui un musée composé de trois patios verdoyants et de treize salles d’exposition passionnantes reprenant l’Histoire de la découverte du nouveau Monde et l’interface avec l’évolution des îles canariennes.





Deux perroquets vedettes et bavards en son cœur assurent le spectacle plus « touristique » d’après la brochure. Nous sommes arrivés à l’heure de la sieste semble t’il, nous n’aurons pas droit aux vocalises dans la langue de Cervantes.



Comme beaucoup, nous pensions savoir le principal sur Colomb : sa route, ses vaisseaux, sa découverte … Et nous sommes restés scotchés !!! L’exposition est extra : de maquettes de bateaux en cartes « mondiales » tronquées de l’époque. La Chambre de l’Amiral sur la Nina est même reconstituée.






On y découvre aussi tous les instruments de navigation d’antan : l’astrolabe, les compas, les cadrans solaires …




Un sentiment de profond respect nous envahit lorsque l’on découvre la vie de ces équipages. Le livre de bord et le dernier testament écrits de la main de l’Amiral nous impressionnent. Nous imaginons les efforts et la volonté qu’il a fallu pour obtenir les validations et les crédits pour monter ces 4 expéditions vers l’inconnu.




Nous ne pouvons nous empêcher de faire le parallèle avec les navigations d’aujourd’hui. Ti’Amaraa est moins long mais sensiblement aussi large que la Pinta. Ils étaient 26 à bord… En à peine 500 ans, tout a changé dans les équipements. Et eux, ils l’ont fait !!! La mer, le vent eux n’ont pas changé. Peut-on vraiment réaliser à sa juste performance l’exploit qu’ils ont accompli ? Et surtout leur capacité à revenir et à le faire-savoir ? Quels bouleversements ? Croirait-on aujourd’hui (et sponsoriserait-on ?) un érudit un brin rêveur qui voudrait lancer une campagne risquée au-delà du système solaire? Les monarques de Castille l’ont fait.






L’histoire des Canaries y est aussi contée : enclave stratégique et base d’expérimentation du nouveau monde. L’archipel étant situé dans une position que facilite la navigation vers l’occident grâce aux alizés et aux courants marins, toutes les expéditions venaient se ravitailler avant THE traversée vers l’inconnu. Les îles ne seront pas une simple escale dans la course des Indes mais aussi un marché de produits (bananes, canne à sucre, cochons et même chameaux !!!) et une source d’émigration. Les familles canariennes s’établiront dans le nouveau Monde : Cuba, Vénézuela, Mexique, Floride… D’ailleurs, l’archipel portera longtemps le surnom de « faiseurs de villages ».

Nous nous rendons compte qu’in fine nous faisons comme eux sur le chemin de notre « nouveau monde ». Nous n’inventons rien. Ca file un peu le frisson tout de même. Nous ne nous étions jamais retournés sur l’Histoire. Cette visite nous aura beaucoup touchés. Nous la conseillons vivement à tout navigateur qui comme Christophe, s’arrête à Gran Canaria pour se ravitailler et checker son bateau avant la traversée.

Respect Môsieur Colomb.
Nous allons essayer de traverser l’Atlantique humblement en suivant vos traces.




18 juillet 2014

Ils ont fait le job …à l’escale

Avant de s’installer dans sa marina canarienne, Ti’Amaraa a validé l’UV « mouillages » tant sur son ancre que sur corps mort.

Petit détail (qui n'en est pas un en passant), une taxe s'applique à présent aux Canaries pour tous les bateaux de plus de 12 m. A priori ce serait 120€/mois pour un 12m, 130€ pour un 13m etc... Chaque mois entamé étant dû, si on ne fait escale que 2 jours ...et bien il faut payer 120€ quand même !!!
Le Lagoon 39 fait 11,74m....donc on n'est pas concernés...OUF...(ceci dit heureusement qu'ils s'en tiennent aux papiers du bateau et qu'ils ne mesurent pas car entre les bossoirs et le bout dehors du code zéro on dépasse largement...mais chuuut....)





Donc dans les config’ mouillage, une fois de plus rien à dire… Bien que nous ayons pris des coups de vent de plus 40 noeuds, la vie est bord est restée très agréable.

Le point fort de ce bateau : l’autonomie.

Grâce à nos 600W de panneaux solaires et une gestion maîtrisée des consos électriques, nous avons pu vivre sur batteries sans aucun souci et avec l’ensemble des commodités à bord : frigos, musique, ordis, tablettes… Les jours de grisaille (et oui, on en a aussi ;-) ), notre fidèle compagnon prenait le relai : Ch’ti Pépère, le fournisseur d’Ampères, notre groupe électrogène HONDA 1 000W. Il nous suit sur chacun de nos bateaux depuis plus de 10 ans.


Il permet, en le connectant à la prise de quai du bateau, de recharger les batteries sans avoir à utiliser les alternateurs des moteurs Diesel du bord. On le place sur la pointe avant tribord. On n'entend qu'un petit feulement...Recharge silencieuse…cool…

Pour ceux qui sont intéressés par un peu de technique, voici la procédure que nous avons mis en place et qui fonctionne …
Vous connaissez le coup du délestage ???
  1.        Débrancher le chargeur de batteries des moteurs (pour ne recharger que les batteries service)
  2.     Brancher Ch'ti Pépère au bateau
  3.     Mettre sur off les commutateurs du tableau 220V à la table à carte
  4.     Démarrer Ch’ti Pépère
  5.     Allumer l’interrupteur chargeur de batterie au tableau
  6.      Le tour est joué, les ampères entrent…

Le LAGOON 39 est équipé de deux chargeurs de batteries CRISTEC de 1 000W chacun. Ch’ti Pépère a un peu de mal à démarrer si les 2 sont en demande en même temps. Au mouillage, seules les batteries services chutent en tension, les panneaux solaires assurent la régulation des batteries moteurs sans soucis.
Une fois le processus de recharge enclenché, on peut ensuite progressivement mettre les commutateurs 220V des prises sur On et ainsi mettre en charge les équipements électroniques, faire une lessive…etc…

De plus, grâce à l’afficheur de gestion de l’énergie MASTERVOLT, on peut suivre la quantité d’Ampères entrant dans les batteries ainsi que le % de charge. Nous avons remarqué que si le % de charge est inférieur à 95%, même par une journée ensoleillée, les panneaux ont un peu de mal à compenser la conso. Il suffit alors de faire tourner le groupe une petite demi-heure (pour remonter d’un % environ , ce qui équivant à 250 mL de Super), ensuite le soleil se charge de finir « le remplissage d’ampères » et l’on se retrouve avant la fin de la journée à 100% de charge. Limite ça déborde, on va peut être contacté EDF pour un contrat de revente...On vous cache pas alors le plaisir de "gaspiller" des ampères  pour se faire un p'tit expresso...grand luxe...et ça grâce à l'option Convertisseur MASTERVOLT. What else ?

Une fois de plus, nous ne sommes pas des experts. Il y a certainement dernière nos constations des explications techniques et théoriques. Le but est juste de modestement exposer ici ce qui marche à bord…et surtout à moindre coût !!

Dans la catégorie « Autonomie », un facteur important à bord est la gestion de l’eau douce. Nous avons de part nos formations scientifiques une corne verte et n’aimons pas gaspiller cette richesse. Nous avons donc équipé Ti’Amaraa des options suivantes qui se sont révélées assez efficaces :

 Pompe à pied eau de mer à la cuisine : déjà convaincus de son utilité sur notre Bavaria, nous aimons beaucoup la version pompe à double effet installée par LAGOON. Quelle économie d’eau douce et d'huile de genou !
  
        Deuxième cuve d’eau douce : on a en tout 600 litres en stock. Ça permet de voir venir.
       
       Pompe de lavage de pont eau douce/eau de mer : Qui n’a pas eu besoin ou envie au mouillage de nettoyer une fiente d’oiseau ou cette terre ocre délicatement déposées sur le pont ? Cette option permet de nettoyer à l’eau salée certes mais de rincer tout de même… Bien sûr cela n’enlève pas un bon nettoyage à l’eau douce mais ça dépanne bien. En version eau douce, on peut aussi sans trop gaspiller d’eau, rincer le matériel de plongée ou de pêche par exemple.

   Douches solaires : A la fois utile pour économiser le chauffe-eau (et le moteur tribord nécessaire à son fonctionnement), elles permettent aussi de mieux gérer sa conso d’eau qu’au robinet. Installées sur les pointes avant toute la journée, elles nous offrent des douches bien chaudes en fin d’après-midi confortablement installés dans la salle de bain. C’est super bon !


    Tiens puisque l’on parle de l’eau, il faut que l’on vous donne des nouvelles de l’élève Sea Recovery (pour ceux qui suivent..). Bonne nouvelle, il marche !!! L’équipe en France, nous a organisé un RDV avec la société Boat Yard (Marina Rubicon, Lanzarote), et le piston de l’amplificateur de pression a été débloqué…. On croise les doigts pour que ça ne se reproduise plus. To be continued…

Ce qui marche super bien aux escales, c’est radio-bateaux ! La solidarité entre voyageurs est assez bluffante. Nous sommes bien loin des relations de voisinages superficielles de nos villes. A peine arrivés, on vient vers vous, on vous file un coup de main à la manœuvre, on vous briefe sur le coin : où débarquer en annexe, la superette la plus proche, les us et coutumes locales… Un apéro bateau, un bon moment passé et pleins de bons tuyaux pour profiter de l’escale.

Enfin, dernière chose qui fait le job à l’escale : Les outils !!!


« Prenez tout ! On se sert de tout !! » nous avait-on dit. Ensuite ce fut « Mais il est trop chargé votre bateau, vous avez pas besoin de tous ces outils ! ».
Bon OK, on s’en fout. On a la place, on prend tout, on verra à la pratique.

Et bien, pas besoin d’attendre, on confirme : ON GARDE TOUT.
On va vous raconter une petite histoire :

La poignée de descente dans la coque propriétaire qui tremble un peu ?... Pas de problème : il faut juste démonter le four pour accéder aux vis pour les resserrer… Élémentaire mon cher Watson !!!
Sauf que lorsque l’on n’a pas la bonne clé Allen doublé d’une clé à pipe débouchante pour pouvoir serrer cette foutue vis au fin fond du coffre du four, sans oublier une clé de 17 pour démonter le tuyau d’alimentation en gaz du four, et bien ce n’est pas faisable. c'est clair !!!



Vous comprenez maintenant pourquoi on garde tout ?? Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois que les caisses à outils quittent le fond de leur coffre pour nous tenir compagnie dans le cockpit ;-)

Enfin les bons outils c’est bien, mais il faut aussi et surtout être un bon bricoleur. Sur Ti’Amaraa, le Cap’ assure et c’est super important sur un bateau de voyage !! Il faut aussi faire preuve d’adaptabilité et de débrouillardise car on n’a pas toujours tout et se dépanner à l’escale est une autre histoire. On n’a pas des Castorama derrière chaque cocotier… et heureusement d’ailleurs.

Voilà donc pour nos premiers débriefs techniques demandés par certains d’entre vous. Une chose est sure, 1 600 miles plus tard , nous sommes pleinement satisfaits de ce LAGOON 39. La route est encore longue jusqu’au premier objectif : Les Antilles. Alors promis, on refait un point 100% technique en toute honnêteté dans quelques mois.


Pour le moment, l’heure est pour nous de profiter de la famille et se poser un petit peu avant de repartir vers le Sud…toujours le Sud ….enfin, à un moment on va tourner à droite…sinon on va recommencer à avoir froid.

Bon été !! Et encore merci pour tous vos messages !! Nous sommes très touchés par vos commentaires et vos mails d'encouragement. 

Quelques photos  en attendant que Ti'Amaraa reprenne sa route :










Nos 2 vélos pliants b-fold7 ...ils font le job aussi !!!


Hasta Luego ...

10 juillet 2014

Prendre son destin par la main

Avec un navire plein de fantaisie délirante
Nous sommes les auteurs d’une liberté enivrante
Avec un brin de folie à la main
On voyage main dans la main

L’horizon s’efface vers le destin d’une vie qui s’anime enfin...

Signé le Cap'

7 juillet 2014

Ils ont fait le job…en traversée

Ca y’est Ti’Amaraa est aux Canaries. Un peu comme l’arrivée à Namche Bazar, la Mecque des summiters, lors de notre treck vers le camp de base de l’Everest, cet archipel représente une étape mythique pour un bateau candidat au voyage. Nous avons beaucoup lu sur ces îles, cette escale…et nous y voilà. Ti’Amaraa flotte paisiblement au mouillage de Playa Francesa au pied de la Montana Amarilla. Notre Everest approche, nous commençons à sentir le doux souffle de l’alizée sur nos frimousses impressionnées.



Mais n’allons pas trop vite, nous vous avions laissé à Rabat.
Le bateau a été préparé, l’équipage aussi, la météo checkée…Il ne restait plus que les formalités de sortie. La veille de notre départ, visite surprise à 22h30 du chef de la Police du Port : « Oui ?... ».C’est juste pour nous informer qu’une équipe cynophile montera à bord le lendemain matin vers 7h/7h30 pour un contrôle. « OK.. »
A 7h pétantes, un gars vêtu de noir tel un expert de série télé déboule sur le ponton avec un gros chien assorti : Man & Dog in Black.


Le chien monte par les marches tribord. Et là, stupeur ! A croire que Man in Black l’a fait patauger pendant des heures dans la boue avant d’arriver. Le plat bord arrière est constellé de coussinets marrons. En plus Dog in Black a la trouille, il recule, il piétine sur la jupe arrière…Bref, il pourrit tout.


Nous essayons de ne rien laisser paraître mais on se mort l’intérieur de la joue. On a passé la journée à le mettre comme un bonbon not’ Ti’Amaraa ! On image déjà Doggy monté et sniffé les coussins du carré, les lits… Aaarrrhhh…et tout ça pour chercher des explosifs… A-t-on vraiment l’air de terroristes ? Quoique nos regards doivent être un brin explosifs …
Transmission de pensées ou expression in fine bien lisible sur nos sourires de façades, Man in Black arrête tout. Il dit que ce n’est pas la peine, fait redescendre son partenaire aux pattes boueuses et s’excuse du dérangement. « Non, ce n’est pas grave…Allez, Au revoir… »
On se marrera bien de cet épisode ….enfin, après avoir tout nettoyé.
Ti’Amaraa peut alors reprendre le chenal du fleuve Bouregreg toujours accompagné du pilote de la marina, puis passe la digue. « Oh Capitaine, mon Capitaine, let’s go to the Atlantic ! ». S’en suit une belle traversée de 4 jours et 3 nuits.



Cet article s’appelle « Ils ont fait le job » car nous souhaitons en profiter pour lister et souligner ici les équipements qui nous semblent indispensables pour ce type de traversée.

·         Le pilote automatique ou un ami qui nous veut du bien :
Ah Nestor ! Notre chauffeur, notre pilote ! Il nous a donné quelques sueurs froides jusqu’à sa halte technique au Portugal, mais depuis il s’est largement fait pardonner. C’est une merveille ! Il est d’une constance étonnante. Nous avons eu des mers peu faciles (de face, de travers) lors de cette traversée et il est resté imperturbable. Même dans des creux de plus de 2 mètres de travers par trois quart arrière, il n’a pas failli. A aucun moment, nous avons dû prendre le relai à la barre. Merci Nestor ! Les quarts sont nettement plus cool avec un bon pilote.
En plus, quel silence ! Juste un petit bruit de vérin dans la coque babord. Rien à dire…
La consommation électrique est aussi super faible si l’on définit un taux de réponse inférieur à 3. Bien sûr, lorsque les conditions se compliquent, il faut augmenter à 5 voire 6 mais au vu des services rendus, il peut bouffer quelques ampères de rab’. On est prêts à se passer d’une recharge de tablette numérique pour le coup.

·         Le radar ou des yeux de chat dans la nuit noire :
Autant pour le dégolfage comme pour Gibraltar l’AIS avait été suffisant et précieux. Sur les cotes marocaines, la mode ne semble pas être à l’utilisation de cet équipement. Nous croiserons les 2 premières nuits beaucoup de bateaux mais quasi aucun avec un écho AIS. Quelquefois même, les éclairages de nav’ étaient plus que défaillants. C’est dans ces moments là que l’on est content que le radar prenne le relai et décrypte ce que nos yeux peinent à interpréter…et en particulier les trajectoires anarchiques des bateaux de pêche tous feux éteints (…s’ils ont des feux ??).
Le radar donne aussi des informations quant aux orages/grains en approche. Nous vivrons nos premières pluies de nav’. Rien de bien méchant. Mais c’est tout de même sympa de le voir arriver et d’anticiper un éventuel coup de vent.



Notre radar nous aura aussi permis de croiser la route du Black Pearl. Vous savez celui de Jack Sparrow ? Comment ? Super simple !!
Un début de soirée entre chien et loup, un écho radar représente un bateau qui va couper notre route perpendiculairement à moins d’un mile nautique. A cette distance, on ne peut pas ne pas le voir ainsi que ses lumières…Mais rien… Un vaisseau fantôme… L’echo radar (de plusieurs centimètres sur l’écran) s’est progressivement éloigné sur notre Babord…On le cherche encore…
Compte tenu du cap suivi, il faut croire que le prochain opus de Pirates des Caraïbes sera Pirates en terres berbères….Sympa !!! (Et à toutes les mauvaises langues qui sourient déjà : non, jamais d’apéros en nav, on vous jure !!!)

·         Le tour de cockpit ou notre véranda vue sur mer :
Nous avons longtemps hésité avant de choisir cette option, mais nous ne le regrettons pas. Quel plaisir de passer les grains dehors mais au sec, les quarts de nuit à la vigie sans être balayé par les vents et les embruns !
En traversée, comme en escale d’ailleurs, nous profitons beaucoup plus du cockpit grâce à cette option.

·         Les fichiers Grib ou notre Evelyne Dhéliat numérique en moins sexy :
Via Zygrig ou Weather 4DPro, nous avions téléchargé nos fichiers météo et préparé notre route. Nous avons été bluffé par la précision des prévisions sur cette nav’ plus océanique. Les effets de cotes et de caps disparaissant, nous avions des données précises et justes tant en direction/angle qu’en vitesse. Le bon vent était annoncé pour minuit. Il est arrivé à 0h30…C’est rassurant aussi !

·         Les voiles ou comment jouer avec le vent  :
Avoir une petite Grande Voile :
Et oui, nous avons souvent entendu : « Ah oui, mais elle est vachement petite votre GV ».
Et bien, on peut vous garantir aujourd’hui, qu’avec des creux et du vent (ce qui est tout de même assez fréquent en mer), galoper sur un roof rigide avec un bon antidérapant pour aider à la descente des 2/3 derniers chariots d’une petite surface de voile résiduelle est déjà générateur de pas mal d’efforts.
A chaque fois, nous avons une pensée pour les équipages en équilibre sur des biminis souples avec leurs grandes surfaces de Grandes Voiles essayant de s’accrocher avec les pieds tels des perroquets à leurs perchoirs. Ca doit sacrément muscler les orteils et les avant-bras.
Nous ne sommes définitivement pas au niveau…

Quel bonheur de lâcher légèrement la balancine et de pouvoir « travailler » avec un lazy bag généreux (TAROT) à la hauteur d’un établi sur un « sol » plat et stable.
Ferler sa Grande Voile ou démêler une bosse de ris sont un plaisir !



Le « petit » Génois (de chez « Incidences » aussi comme la GV) s’est montré très gaillard au près à 40° du vent les 2 premiers jours malgré une mer de travers peu propice. Appuyé avec un moteur, il nous a permis de maintenir le cap voulu tout en augmentant notre vitesse moyenne.
Grande voile et Génois nous ont ainsi offert des conditions de vie à bord confortables, bien loin de nos souvenirs de nav’ au près sur notre monocoque. Cuisiner, manger et faire ses quarts à plat sont un luxe que nous apprécions à sa juste valeur.

Puis, lorsque l’angle du vent à franchi la barre des 90° (par rapport à l’axe du bateau), nous avons pu redonner du service à notre voile Turbo. Aaah le Code Zéro TAROT! Il est beau, il est puissant…On la kiffe cette voile.
Avec un vent réel d’une bonne vingtaine de nœuds rafales à 30, nous avons filé vers les Canaries à plus de 8 nœuds de moyenne. Cela nous aura permis de rattraper le « retard » pris lors des jours au près.

Les manœuvres de Code Zéro, Grande Voile et Génois sont très faciles à réaliser en équipage réduit.
Le + : le renvoi de l’enrouleur de Génois au poste de barre. Quel plaisir de nuit depuis son poste de « vigie », lorsque le vent forcit d’enrouler sereinement un peu de génois par une simple pression sur un bouton avec son orteil sans avoir à sortir de la zone protégée qu’est le cockpit….Vous voyez qu’on utilise nos orteils nous aussi.

Par ses remarques, vous aurez compris que la Voile est pour nous un état d’esprit et de voyage. Nous n’avons jamais appris la théorie. Nos réglages ne sont certainement pas optimums…Mais bon, comment dire ?… On s’en fout… et comme dirait Souchon : « On avance, on avance. On n’a plus assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens »

·         Open CPN & SAS Planet ou Chapeau Messieurs les développeurs pour ces logiciels gratuits :
Sur le traceur Raymarine au poste de barre, nous n’avons pas les cartes de détail des Canaries. Pour l’approche vers le mouillage, nous avons utilisé notre PC portable spécialisé pour la navigation équipé de 2 logiciels gratuits : OPEN CPN & SAS PLANET. Et ce fut capital !
Nous sommes en effet arrivés à l’entrée du chenal entre Lanzarote et La Graciosa au  coucher du soleil



A l’arrivée dans l’anse de la Playa Francesa, il faisait nuit. Nous avons rapidement distingué 4 feux de mouillage mais la nuit, relativement claire, nous laisse discerner plus de 4 bateaux. Certains sont donc non signalés : pas cool…surtout dans cette baie réputée pour l’arrivée des bateaux en provenance de Gibraltar et du Maroc à n’importe quelles heures... Bref…
Nous décidons donc de mouiller à l’écart plus au Sud loin des ombres suspectes. Merci SAS et OPEN CPN !! Les 2 combinés nous donnent des informations précises sur la profondeur et le dessin de la côte. C’est la première fois que l’on mouille de nuit dans une baie inconnue, et par 20/25 nœuds de vent, tant qu’à faire. On fait confiance aux données, tout en balayant avec le gros spot à LED à l’avant pour être sûr. Tout se passe sans problème. On se tient à une distance raisonnable du bord : environ 150 mètres d’après l’image satellite de SAS. L’ancre accroche immédiatement. Le compteur de chaîne semble confirmer les profondeurs annoncées sur notre écran. Le bateau tient bien. Allez un pt’it diner : Aux Canaries, c’est ravioli !! ben oui mais à plus de 22h et la traversée dans les pattes, on n’a pas eu envie de beaucoup mieux. Direction le lit, demain il fera jour, paraît-il …
Le lendemain matin nous nous éjecterons du lit de bonne heure trop excités de voir où nous sommes !! On découvre tout d’abord émerveillés le panorama magnifique tout d’ocres et de marrons de cette plage déserte. Il y a 6 bateaux au mouillage (on a les noms des 2 économiseurs de lumière).
N’y tenant plus, le Cap sort son télémètre pour vérifier la distance réelle qui nous sépare de la côte : 140 mètres…Yes !! Le Cap enfilera aussi son kit PMT pour vérifier l’ancre et la profondeur. Tous les paramètres sont cohérents avec les infos de la veille.
C’est rassurant là aussi de savoir que l’on peut s’appuyer sur ces données numériques. Ca n’enlèvera jamais bien entendu le sens marin mais un p’tit coup de pouce ne fait pas de mal.

·         La cinnarizine ou la came de la Cap’ :
Ce détestable Voldemort n’est pas resté comme nous l’espérions sur les côtes européennes. Il s’est attaqué à la Cap’ au départ de Rabat, la laissant pour la première fois dans un état « proche de l’OHAIO ». Ce coup-ci c’est décidé, on teste ce médicament, cette fameuse molécule que certains navigateurs nous ont recommandée pour lutter contre les effets du mal de mer, histoire d’arrêter de côtoyer cette bile débile. Marre du tête à tête avec le seau bleu…

Dans un article précédent (libellé : santé), nous avions déjà parlé de ce médoc et surtout de la façon dont on s’en est procuré car il n’est plus distribué en France.

Après un petit somme sur la banquette du cockpit, une amélioration commence à se faire sentir. L’état général de la Cap’ s’arrange.
Comme on connait ses démons, on les honore, la prochaine fois on testera la prise du Stugeron avant le départ et avant les effets, surtout après une période assez longue à terre. Si seulement ça pouvait chasser cette « gueule de bois » du premier jour de nav…


Bon, et dans tout ça, qui n’a pas fait le job ?
Il faut bien un mauvais élève. Pour le moment, le bonnet d’âne est sur le capot du dessal.

Depuis l’arrivée sur Rabat, il refuse de produire de l’eau. L’équipe technique en France est sur le coup. On espère bien être dépanné aux Canaries. Nous vous tiendrons informés des résultats de l’élève Sea Recovery. En attendant avec l’option 2ème cuve d’eau, nous avons 600 litres d’autonomie. Cela va nous permettre d’attendre…un peu…

Ti’Amaraa est donc aux Canaries pour les 4 prochains mois avant de repartir vers son premier objectif : les Antilles, probablement via le Cap Vert.
4 mois, le temps pour nous de nous occuper des aspects techniques/SAV, de profiter de la famille et de gérer nos affaires (et notre avenir) en Métropole.

Amis lecteurs, famille et proches : merci à tous pour votre suivi, vos messages et vos encouragements.

Pour répondre aux premières demandes relatives au bateau d’hôtes, le projet est toujours d’actualité. L’activité pourrait démarrer aux Antilles au printemps prochain (2015). Nous entamons la phase de publicité. On vous confirmera tout ça en temps utile.

En attendant, bon été à tous et à très bientôt pour la suite du Voyage de Ti’Amaraa.