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24 novembre 2018

Quartier d'été

Ti'Amaraa a pris ses quartiers d'été dans ses quarts de lune que sont les motus des Tuamotus.
Hémisphère sud oblige, de novembre à mars, nous entrons dans la saison chaude et humide caractérisée par le tristement célèbre ''risque cyclonique''.
En Polynésie, contrairement aux Antilles, les cyclones viennent de l'ouest. Les îles de la Société, Les Australes, Moorea et Tahiti sont donc par définition les premières a être touchées si un tel phénomène venait à se produire.
Ils existent bien, sur ces terres, des baies protégées qui permettraient à des voiliers de faire le dos rond. Cependant, le principe de précaution et l'envie de découvrir d'autres recoins nous ont poussé à faire nos valises et s'éloigner vers l'est.
L'objectif est de tendre vers les célèbres Marquises. Plus Est, plus Nord. En dehors de la zone à risque.
Dans un premier temps, l'équipage a bien l'intention de vadrouiller au travers des atolls bleus mythiques des Tuamotus avant de marcher sur les traces de Brel.
Au départ de Tahiti, il faut donc se lancer pour une navigation contre le vent, la mer et les courants. Chouette...
Et un fichier météo...
Et deux fichiers météo...
Et de trois...
Bref, si on attend la fenêtre de 48h idéale, on sera encore à Tahiti en 2019.
Alors, nous nous sommes lancés en ce lundi matin avec des prévisions de vent très calme annoncées.
Tant pis. Quitte à faire un appui moteur, autant faire du cap vers notre destination finale : Les Marquises.
Tikehau, Rangiroa, Manihi, Ahé attendront notre prochain passage.
Le vent n'est pas si mal. Nous pouvons faire une route Nord/Nord-est.
La ligne de foi donne sont verdict. Ce sera Apataki.
Pas tout à fait un hasard car un chantier nautique réputé est niché sur l'un des motus de cet atoll.
Allons voir ça de plus près.
Qui sait s'ils ont la possibilité, ce ne serait pas du luxe non plus de refaire un brin de propreté sous nos coques. Depuis le Guatemala, notre antifouling en a vu des tonnes d'eau. 20 mois et plus de 5000 nm (10 000 km) plus tard, ce pourrait être le bon timing. 
Tout est à bord. Pinceaux, rouleaux, scotch, anodes et acétone attendent sagement le jour J en fond de cale. À suivre...


Revenons à cette navigation. Pour sûr, elle va nous laisser un souvenir impérissable. Certes, nous avons eu deux beaux couchers et levers de soleil, un splendide rayon vert, un vent in fine assez favorable (jusqu'à 15 nds), une mer d'huile, des nuits sublimes sous la clarté d'une Lune pleine.
Ceux ne sont pas ces images là que nous retiendrons.
Plutôt celles de nos 2 expressions d'étonnement quand en l'espace de quelques secondes :
Bruit de la canne bâbord qui fiiiiile
Bruit de la canne tribord qui fiiiiile
Bâbord casse quasi instantanément
Ti'Amaraa est ralenti en urgence
À tribord, ça plie, ça plie, ça plie...
C'est quoi déjà l'histoire du roseau qui fléchit sans se briser ?
Donc c'est officiel : notre canne est en roseau.
En revanche, le porte canne non.
Il aura fallu l'espace de quelques secondes pour que le support, installé depuis notre départ de France, la joue "Trop, c'est trop''.
Heureusement, la canne est reliée par sécurité au bateau par un bout.
On a envie de dire : Merci Môsieur Lepetitbout. Sans toi, tchao canne, moulinet et les euros qui vont avec.
Oufffff
Depuis plus de 4 ans, nous avons sillonné pas mal de mers et d' océans. Nous avons pris des gros, des moins gros. Sur ce même support, nous nous sommes faits chapardé un beau thon rouge par un non moins beau requin. Jamais nous n'avons vécu une attaque aussi violente que rapide sur nos pauvres petits poulpys. C'est quoi ces bestioles dans le Pacifique ??!!?!?
Nous ne le saurons jamais.

Poissons : 1 bas de ligne + 1 support de canne. 
Ti'Amaraa : 0... + 2 entrecôtes pour fêter ça 🍽 🥩 😁
Dites ça fait comment des poissons quand ça se marre ?

Et dire que nos amis pêcheurs de Moorea nous ont offert des leurres plus gros jugeant les nôtres trop petits pour les poissons d'ici. Heureusement qu'ils étaient dans leur boîte. Sinon c'est quoi la blague ? Remonter un monstre ?
Ti'Amaraa poissonnerie, bonjoooour ⛵ 🦈
Sans façon. Merci 😉

Bredouilles mais finalement amusés, nous avons donc pointé nos étraves à l'entrée de la passe sud d'Apataki à l'heure prévue pour avoir pas, voire peu de courant entrant.
La passe fait une centaine de mètres de large. Ti'Amaraa est dans l'axe. C'est parti.... pour 2 nœuds de courant... sortant !!! Surprise 😲
On monte les tours des 2 moteurs. On pousse de l'eau. Le Cap est concentré à la barre. Ça passe. On commence à avoir l'habitude.
Nous longeons le petit village. Les locaux nous saluent à grands gestes. Pas pour vous vendre un quelconque fichu, ou vous interdire quoique ce soit. Juste lire sur les visages la curiosité et l'envie face à des Popa'a, des étrangers arrivés par la mer, des nouveaux.

Nous susciterons la même curiosité pour 2 énormes raies mantas lorsque nous déposerons notre ancre sur le fond de sable devant le chantier nautique. Elles tourneront autour du bateau toute l'après midi. 😍

Nous ne sommes que deux bateaux dans ce mouillage immense inondé de soleil, assourdissant de calme. 

Vous en connaissez beaucoup des stops carénage sur fond turquoise avec mantas d'accueil ?? 






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