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20 mai 2014

On a dégolfé

Jour 1 :
5h30 : 
-"Tu dors ?"
-"Non, toi non plus ?"
-"A quelle heure on doit se lever ?"
-"7h30...."

Voilà comment à commencer la 1ère journée de ce "dégolfage" (ou traversée du golfe de Gascogne).

N'y tenant plus, nous nous sommes donc levés aux aurores discrètement pour ne pas réveiller le reste de l'équipage, trop excités à l'aube de cette nouvelle aventure.
Au petit matin, je suis partie à pied faire l’ouverture de la boulangerie (comme à l’époque mais là c’était plutôt parcequ’on sortait de soirées…). Croissants et pains à bord, nous étions prêts pour les hostilités.
Je n’oublierais jamais cette ballade matinale dans ce port et cette ville encore endormis. Je croiserai quelques joggeurs … souvenirs, souvenirs… J’ai cette douce sensation d’être à la croisée des mondes. Celui que je connais bien et dont je m’éloigne quelques temps, et celui qui m’attend dont j’ai beaucoup à apprendre. Sans nostalgie, ni mélancolie (leurs heures sont déjà passées…), je regarderai le soleil se lever sur Ti’Amaraa sagement amarré…Notre vie est là, je le sais.

Comme prévu, c'est vers 9h que nous libérerons notre cata de ses étraves de bouts et Cap au large !!! Direction Porto …
 
Droit devant

Bye Bye La Rochelle


La météo est idéale. Un vent à 90° d’une quinzaine de nœuds parfait pour tester le premier module de formation : Grande voile et Code Zéro. On hisse, on déroule, on borde, on étarque, on choque…Bref, on se régale. Et en plus, il fait super beau. C’est vraiment encourageant de partir pour 4 jours et 3 nuits de nav’ avec de telles conditions.


D’après les prévisions météo, nous devrions maintenir ce jeu de voile toute la journée. Avancer à la voile sur un même bord, avec un vent constant non rafaleux toute une journée !! La 4ème dimension pour qui a navigué en Méditerranée… ;-)
C’est effectivement ce qui se passera, nuit comprise. Nous enroulerons le code zéro à 6h30 le lendemain matin et passerons au moteur pour cause de pétole (mais on y reviendra plus tard, restons au Jour 1).

En fin de matinée, la formation voile s’est orientée vers le module pêche à la traîne. Les moulinets, les bas de ligne et les leurres sont montés..et c’est parti !
Tout est neuf ...

Merci les zamis (vous voyez on l'utilise)

Le vent monte un peu, la mer est légèrement de travers mais ça reste très confortable… sauf pour moi. C’était sans compter sur mon passager clandestin « Mister Maldemer ». Comme dans Harry Potter, vous savez « celui dont il ne faut pas dire le nom »..mon Voldemort est de retour.
Dans un sens, ça tombe bien..j’appâterai 3 fois dans l’après-midi…pour la pêche, c’est bien, non ?
Comme à chaque crise, je ne peux plus rien boire ni manger sans me retrouver nez à nez avec le gel coat de la jupe arrière pour refaire la déco L. Fait chi***.

je vais bien...tout va bien ... :-(

Je passerai donc la journée à jeun avec un estomac qui fait du yoyo. Mon homme est attristé, il s’inquiète je le vois bien. Oh, ce n’est pas la première fois, j’ai l’habitude mais c’est vrai que j’aurais aimé y échapper ce coup ci surtout compte tenu des conditions météo idéales et de la nav en catamaran. Tant pis …

Les hommes ont pitié de moi et me propose de se débrouiller seuls pour le diner et d’aller me coucher en toute début de soirée pour que je puisse récupérer un max avant mon premier quart de nuit prévu à minuit. Il est hors de question que je rate mon tour !!! Et, ce sera super bénéfique. Lorsque mon téléphone s’enclenche à minuit sur l’air de « Partir » (MP1point2) je vais nettement mieux. Apte à prendre la barre. Voldemort est parti…Cool.

1er coucher de soleil sur l'Atlantique



Ainsi passe la nuit, nous nous succédons au poste de barre, toujours sous voile. Ça tourne bien. La nuit est belle, le ciel est étoilé…Que demander de plus ?

Jour 2 :
C’est donc vers 6h du matin que le vent nous quitte, comme prévu sur les gribs. Lors de la relève du quart de mon Cap’ nous décidons donc d’enrouler le code zéro. C’est la pétole. Un moteur est allumé. Çà permettra de garder du cap, de la vitesse et d’avoir de l’eau chaude pour la douche :-)
Lors de ce dernier quart, mon chéri décide de rester un peu avec moi avant d’aller se coucher. Nous profitons tous les deux ensemble de notre premier lever de soleil à la barre de Ti’Amaraa. Bien nous en a pris, car en l’espace de quelques minutes ce moment d’intimité est partagé par une vingtaine de dauphins en mal de distraction dans ce grand océan venus s’amuser avec les étraves. Ils resteront 2 heures à jouer avec nous. Magique !!! Nous en avons dèjà croisé lors de nav’ en Méditerranée à bord de notre premier Ti’Amaraa. Mais ce matin là, 1ère nuit de quart, 1er lever de soleil, pour moi le retour de sensations normales…Bref, un cadeau du Dame Nature…Merci

Mon chaton et notre 1er lever de soleil sur l'Atlantique

Les loulous



Dans la journée, nous verrons même à plusieurs reprises et d’assez près plusieurs baleines…N’en jetez plus !!! C’est Disneyland, le golfe de Gascogne en fait J.

Pour fêter ça, nous nous retrouvons tous les 3 pour un p’tit encas campagnard : pain, paté, saucisson !! Quand je vous dit, que je vais mieux… Mon premier aliment après 24h de disette sera le saucisson ariégeois offert par mes cousins. Quel pied !!! Les hommes se lâchent même sur un p’tit verre de vin rouge. Bon là, je joue pas (encore)…Faut pas exagérer : Voldemort est un vicieux.

Merci les jeunes !!!

Il a été mangé par là ...

Ainsi passe la journée sans vent au moteur entre lecture, écriture, pêche, bain de soleil et repos…en approchant de la Corogne. Nous avons aussi recueilli quelques heures une petite hirondelle perdue en plein océan. Épuisée, détrempée, nous avons essayons de l’alimenter mais elle était trop craintive. Elle a fui le bord après s’être posée quelques temps. J’aime à croire qu’elle a retrouvé une terre ou ses congénères. Les hommes, plus terre à terre, ont plutôt opté pour une fin moins poétique et plus aquatique. RIP « Rondi »
  







Tiens la pêche, parlons en… Nous n’avons pas encore croisé de poissons suffisamment déprimés et suicidaires pour se jeter sur nos leurres. Au mieux, nous avons attirés quelques mouettes égarées. Même les poissons ont le moral, quand on vous dit que la vie est belle dans le golfe de Gascogne... Enfin, pour le moment…
Nous avons un front qui nous regarde droit dans les yeux. Les fichiers grib n’annoncent pas du bon pour demain : vent ouest puis de sud, pluie. Le fameux calme avant la tempête ???..
La nuit le spectacle ne sera pas dans le ciel mais dans l’eau. Compte tenu de la couverture nuageuse, ni lune, ni étoiles…tout est sombre. Une fois de plus Dame Nature compensera par le plancton photoluminescent tout autour du bateau et des dizaines de dauphins jouant dans cet océan brillant de milles feux toute la nuit. Magnifique !!!

Jour 3 :
Si les deux premiers jours, j’ai pu prendre des notes régulières pour écrire cet article, ce ne sera pas le cas le 3ème jour.
Le matin, le vent se cherche. Un peu de code zéro, un peu de génois, un peu de moteur. Rien ne tient. On approche de la pointe ouest de l’Espagne. Une dépression est en place sur la Galice. Nous commençons à sentir les premiers effets : pluie, vent, froid, houle. Nous décidons de faire cap vers l’anse de Santa Marta pour essayer de passer les Cap au plus près des côtes et prendre moins la mer et le vent de face.

Ce sera sportif surtout pour les hommes qui barreront non stop compte tenu de l’état de la mer.



Ti’Amaraa bouge pas mal. Ça secoue dans les placards. Les objets posés tels que déco… ne tiennent pas longtemps. Seul Léon inflexible reste stable vissé dans son pot. Par précaution, nous le mettrons tout de même à l’abri dans l’évier (surtout par peur de voir de la terre étalée sur les coussins du carré). Même Voldemort se tient à carreau...Yes !!!!

Nous passerons les différents caps : un ris dans la grande voile, les 2 moteurs à 3000 tours, vent à 30/35 Nds, creux de 2 mètres…et pluie, bien sûr sinon ce ne serait pas rigolo.
Pour ne pas fatiguer le cata, les hommes à la barre « tireront » des bords à 30° du vent. C’est assez impressionnant de voir Ti’Amaraa s’approcher des falaises pour repartir ensuite sur le bord opposé et ainsi passer avec un minimum de houle du large.




Les conditions se calment « un peu » en arrivant sur la Corogne. Le vent est à 60° plus besoin de zigzaguer mais le Cap’ préfère continuer à barrer.

Les prévisions météo ne sont pas bonnes pour la nuit et les jours à venir : flux de sud-ouest avec forte pluie. La décision est prise, nous nous arrêtons au port de la Coruna.

21 heures : nous nous posons…Ti’Amaraa a trouvé sa place dans la marina, tout est rangé (ou presque… il fera jour demain…). Nous fêtons ce dégolfage autour d’un bon bœuf bourguignon (vive les conserves faites à l’avance !!) et une bouteille de Bordeaux. Un peu fatigués, mais heureux d’être là. L’impression d’avoir passer les portes d’entrée de notre nouveau terrain de jeu.

Bilan :
Miles effectués : 380 nm
Temps : 58 heures
Moyenne : 6,5 Nœuds
Poissons pêchés : 0
Avaries constatées sur le bateau : RAS
Point à améliorer : un petit souci sur le pilote automatique en mode Cap Compas uniquement. Le point est prévu avec l’agent Lagoon à Lisbonne dans quelques jours
Durée de l’escale : à priori dans 3 à 4 jours, « les alizés portuguais » reprennent du service. Un vent au portant devrait nous conduire à Lisbonne.
Ressenti de l’équipage : Heureux d’avoir pu faire cette nav’ avec Jean-Pierre à bord. Fort de ses dizaines de dégolfage et de son expérience en cata (200 000 miles tout de même!! Respect!!), il a su nous montrer, nous expliquer et nous faire sentir les bons réflexes à avoir. Il nous a rassuré aussi sur les capacités de Ti’Amaraa dans des conditions de mer un peu délicate.


Bon ben, y’a plus qu’à …

2 commentaires:

  1. Blog très intéressant
    Si vous pouvez je vous conseille de vous arrêter à douro marina excellent accueil très bien place pour visiter Porto et ses caves ne pas oublier d avertir la marina afin qu il vienne vous chercher
    Possibilité de louer des vélos à la marina
    Très jolie ville
    Pour Lisbonne attention dans le tram pique poket ne pas rater le fado
    Abilio le super concessionnaire à Lisbonne vous renseignera pour le spectacle

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  2. merci pour votre commentaire. Nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de faire escale à Porto. la Corogne l'a remplacé contraints par la météo, mais on ne regrette pas. On s'est régalés ici. Nous avons effectivement RDV avec Abilio Lundi à Lisbonne... On débrieffe très vite sur le blog

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