Jour 1 :
5h30 :
-"Tu dors ?"
-"Non, toi non plus ?"
-"A quelle heure on doit se lever
?"
-"7h30...."
Voilà comment à commencer la 1ère journée
de ce "dégolfage" (ou traversée du golfe de Gascogne).
N'y tenant plus, nous nous sommes donc
levés aux aurores discrètement pour ne pas réveiller le reste de l'équipage,
trop excités à l'aube de cette nouvelle aventure.
Au petit matin, je suis partie à pied
faire l’ouverture de la boulangerie (comme à l’époque mais là c’était plutôt
parcequ’on sortait de soirées…). Croissants et pains à bord, nous étions prêts
pour les hostilités.
Je n’oublierais jamais cette ballade
matinale dans ce port et cette ville encore endormis. Je croiserai quelques
joggeurs … souvenirs, souvenirs… J’ai cette douce sensation d’être à la croisée
des mondes. Celui que je connais bien et dont je m’éloigne quelques temps, et
celui qui m’attend dont j’ai beaucoup à apprendre. Sans nostalgie, ni
mélancolie (leurs heures sont déjà passées…), je regarderai le soleil se lever
sur Ti’Amaraa sagement amarré…Notre vie est là, je le sais.
Comme prévu, c'est vers 9h que nous libérerons notre cata de ses étraves de bouts et Cap au large !!! Direction Porto …
Bye Bye La Rochelle |
La météo est idéale. Un vent à 90° d’une
quinzaine de nœuds parfait pour tester le premier module de formation :
Grande voile et Code Zéro. On hisse, on déroule, on borde, on étarque, on
choque…Bref, on se régale. Et en plus, il fait super beau. C’est vraiment
encourageant de partir pour 4 jours et 3 nuits de nav’ avec de telles
conditions.
D’après les prévisions météo, nous
devrions maintenir ce jeu de voile toute la journée. Avancer à la voile sur un
même bord, avec un vent constant non rafaleux toute une journée !! La 4ème
dimension pour qui a navigué en Méditerranée… ;-)
C’est effectivement ce qui se passera,
nuit comprise. Nous enroulerons le code zéro à 6h30 le lendemain matin et
passerons au moteur pour cause de pétole (mais on y reviendra plus tard, restons
au Jour 1).
En fin de matinée, la formation voile s’est
orientée vers le module pêche à la traîne. Les moulinets, les bas de ligne et
les leurres sont montés..et c’est parti !
Tout est neuf ... |
Merci les zamis (vous voyez on l'utilise) |
Le vent monte un peu, la mer est
légèrement de travers mais ça reste très confortable… sauf pour moi. C’était
sans compter sur mon passager clandestin « Mister Maldemer ». Comme
dans Harry Potter, vous savez « celui dont il ne faut pas dire le nom »..mon
Voldemort est de retour.
Dans un sens, ça tombe bien..j’appâterai 3
fois dans l’après-midi…pour la pêche, c’est bien, non ?
Comme à chaque crise, je ne peux plus rien
boire ni manger sans me retrouver nez à nez avec le gel coat de la jupe arrière
pour refaire la déco L. Fait chi***.
je vais bien...tout va bien ... :-( |
Je passerai donc la journée à jeun avec un
estomac qui fait du yoyo. Mon homme est attristé, il s’inquiète je le vois
bien. Oh, ce n’est pas la première fois, j’ai l’habitude mais c’est vrai que j’aurais
aimé y échapper ce coup ci surtout compte tenu des conditions météo idéales et
de la nav en catamaran. Tant pis …
Les hommes ont pitié de moi et me propose
de se débrouiller seuls pour le diner et d’aller me coucher en toute début de
soirée pour que je puisse récupérer un max avant mon premier quart de nuit prévu
à minuit. Il est hors de question que je rate mon tour !!! Et, ce sera
super bénéfique. Lorsque mon téléphone s’enclenche à minuit sur l’air de « Partir »
(MP1point2) je vais nettement mieux. Apte à prendre la barre. Voldemort est
parti…Cool.
1er coucher de soleil sur l'Atlantique |
Ainsi passe la nuit, nous nous succédons
au poste de barre, toujours sous voile. Ça tourne bien. La nuit est belle, le
ciel est étoilé…Que demander de plus ?
Jour 2 :
C’est donc vers 6h du matin que le vent
nous quitte, comme prévu sur les gribs. Lors de la relève du quart de mon Cap’
nous décidons donc d’enrouler le code zéro. C’est la pétole. Un moteur est
allumé. Çà permettra de garder du cap, de la vitesse et d’avoir de l’eau chaude
pour la douche :-)
Lors de ce dernier quart, mon chéri décide
de rester un peu avec moi avant d’aller se coucher. Nous profitons tous les
deux ensemble de notre premier lever de soleil à la barre de Ti’Amaraa. Bien
nous en a pris, car en l’espace de quelques minutes ce moment d’intimité est
partagé par une vingtaine de dauphins en mal de distraction dans ce grand océan
venus s’amuser avec les étraves. Ils resteront 2 heures à jouer avec nous. Magique !!!
Nous en avons dèjà croisé lors de nav’ en Méditerranée à bord de notre premier
Ti’Amaraa. Mais ce matin là, 1ère nuit de quart, 1er
lever de soleil, pour moi le retour de sensations normales…Bref, un cadeau du
Dame Nature…Merci
Mon chaton et notre 1er lever de soleil sur l'Atlantique |
Les loulous |
Dans la journée, nous verrons même à
plusieurs reprises et d’assez près plusieurs baleines…N’en jetez plus !!!
C’est Disneyland, le golfe de Gascogne en fait J.
Pour fêter ça, nous nous retrouvons tous
les 3 pour un p’tit encas campagnard : pain, paté, saucisson !! Quand
je vous dit, que je vais mieux… Mon premier aliment après 24h de disette sera
le saucisson ariégeois offert par mes cousins. Quel
pied !!! Les hommes se lâchent même sur un p’tit verre de vin rouge. Bon
là, je joue pas (encore)…Faut pas exagérer : Voldemort est un vicieux.
Merci les jeunes !!! |
Il a été mangé par là ... |
Ainsi passe la journée sans vent au moteur
entre lecture, écriture, pêche, bain de soleil et repos…en approchant de la
Corogne. Nous avons aussi recueilli quelques heures une petite hirondelle
perdue en plein océan. Épuisée, détrempée, nous avons essayons de l’alimenter
mais elle était trop craintive. Elle a fui le bord après s’être posée quelques
temps. J’aime à croire qu’elle a retrouvé une terre ou ses congénères. Les
hommes, plus terre à terre, ont plutôt opté pour une fin moins poétique et plus
aquatique. RIP « Rondi »
Tiens la pêche, parlons en… Nous n’avons
pas encore croisé de poissons suffisamment déprimés et suicidaires pour se
jeter sur nos leurres. Au mieux, nous avons attirés quelques mouettes égarées. Même
les poissons ont le moral, quand on vous dit que la vie est belle dans le golfe
de Gascogne... Enfin, pour le moment…
Nous avons un front qui nous regarde droit
dans les yeux. Les fichiers grib n’annoncent pas du bon pour demain : vent
ouest puis de sud, pluie. Le fameux calme avant la tempête ???..
La nuit le spectacle ne sera pas dans le
ciel mais dans l’eau. Compte tenu de la couverture nuageuse, ni lune, ni
étoiles…tout est sombre. Une fois de plus Dame Nature compensera par le
plancton photoluminescent tout autour du bateau et des dizaines de dauphins
jouant dans cet océan brillant de milles feux toute la nuit. Magnifique !!!
Jour 3 :
Si les deux premiers jours, j’ai pu
prendre des notes régulières pour écrire cet article, ce ne sera pas le cas le
3ème jour.
Le matin, le vent se cherche. Un peu de
code zéro, un peu de génois, un peu de moteur. Rien ne tient. On approche de la
pointe ouest de l’Espagne. Une dépression est en place sur la Galice. Nous
commençons à sentir les premiers effets : pluie, vent, froid, houle. Nous
décidons de faire cap vers l’anse de Santa Marta pour essayer de passer les Cap
au plus près des côtes et prendre moins la mer et le vent de face.
Ce sera sportif surtout pour les hommes
qui barreront non stop compte tenu de l’état de la mer.
Ti’Amaraa bouge pas
mal. Ça secoue dans les placards. Les objets posés tels que déco… ne tiennent
pas longtemps. Seul Léon inflexible reste stable vissé dans son pot. Par
précaution, nous le mettrons tout de même à l’abri dans l’évier (surtout par
peur de voir de la terre étalée sur les coussins du carré). Même Voldemort se
tient à carreau...Yes !!!!
Nous passerons les différents caps :
un ris dans la grande voile, les 2 moteurs à 3000 tours, vent à 30/35 Nds,
creux de 2 mètres…et pluie, bien sûr sinon ce ne serait pas rigolo.
Pour ne pas fatiguer le cata, les hommes à
la barre « tireront » des bords à 30° du vent. C’est assez
impressionnant de voir Ti’Amaraa s’approcher des falaises pour repartir ensuite
sur le bord opposé et ainsi passer avec un minimum de houle du large.
Les conditions se calment « un peu »
en arrivant sur la Corogne. Le vent est à 60° plus besoin de zigzaguer mais le
Cap’ préfère continuer à barrer.
Les prévisions météo ne sont pas bonnes
pour la nuit et les jours à venir : flux de sud-ouest avec forte pluie. La
décision est prise, nous nous arrêtons au port de la Coruna.
21 heures : nous nous posons…Ti’Amaraa
a trouvé sa place dans la marina, tout est rangé (ou presque… il fera jour
demain…). Nous fêtons ce dégolfage autour d’un bon bœuf bourguignon (vive les
conserves faites à l’avance !!) et une bouteille de Bordeaux. Un peu
fatigués, mais heureux d’être là. L’impression d’avoir passer les portes d’entrée
de notre nouveau terrain de jeu.
Bilan :
Miles effectués : 380 nm
Temps : 58 heures
Moyenne : 6,5 Nœuds
Poissons pêchés : 0
Avaries constatées sur le bateau :
RAS
Point à améliorer : un petit souci
sur le pilote automatique en mode Cap Compas uniquement. Le point est prévu
avec l’agent Lagoon à Lisbonne dans quelques jours
Durée de l’escale : à priori dans 3 à
4 jours, « les alizés portuguais » reprennent du service. Un vent au
portant devrait nous conduire à Lisbonne.
Ressenti de l’équipage : Heureux d’avoir
pu faire cette nav’ avec Jean-Pierre à bord. Fort de ses dizaines de dégolfage
et de son expérience en cata (200 000 miles tout de même!! Respect!!), il a su nous montrer, nous expliquer et nous
faire sentir les bons réflexes à avoir. Il nous a rassuré aussi sur les
capacités de Ti’Amaraa dans des conditions de mer un peu délicate.
Bon ben, y’a plus qu’à …
Blog très intéressant
RépondreSupprimerSi vous pouvez je vous conseille de vous arrêter à douro marina excellent accueil très bien place pour visiter Porto et ses caves ne pas oublier d avertir la marina afin qu il vienne vous chercher
Possibilité de louer des vélos à la marina
Très jolie ville
Pour Lisbonne attention dans le tram pique poket ne pas rater le fado
Abilio le super concessionnaire à Lisbonne vous renseignera pour le spectacle
merci pour votre commentaire. Nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de faire escale à Porto. la Corogne l'a remplacé contraints par la météo, mais on ne regrette pas. On s'est régalés ici. Nous avons effectivement RDV avec Abilio Lundi à Lisbonne... On débrieffe très vite sur le blog
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